France

Les ménages français consomment moins de fruits, légumes, viande et vêtements que les Européens.

Le moral des Français n’est pas au beau fixe, ce qui se traduit par une consommation en baisse et une épargne en hausse. En 2025, l’inflation est attendue à 1 % en moyenne annuelle, tandis que le taux d’épargne atteindrait 18,5 % sur l’année, un record en 45 ans hors crise sanitaire.


Le moral des Français est en berne, comme en témoigne les chiffres de la consommation. Face à une incertitude politique croissante, les ménages réduisent leurs dépenses, ce qui ralentit ce moteur essentiel de l’économie, déjà fragilisé par la pandémie et la hausse des prix. Que ce soit dans l’alimentation, l’électroménager, l’automobile ou la téléphonie mobile, les familles freinent leurs achats. Ces dépenses représentent environ la moitié de la richesse produite annuellement en France.

« La consommation déçoit depuis plusieurs trimestres », constate Dorian Roucher, responsable du département de la conjoncture de l’Institut national de la statistique (Insee), interrogé par l’AFP. Il remarque que la progression de la consommation est moins rapide que celle du pouvoir d’achat, en particulier pour les biens, davantage touchés que les services. Il évoque notamment l’alimentation, dont la baisse cumulée atteint « de l’ordre de 8 % depuis 2022 », due à l’envolée des prix à la suite de l’invasion russe de l’Ukraine. « C’est du jamais-vu depuis qu’on fait des statistiques à l’Insee. »

### Moins de produits frais et plus de plats préparés

Les Français achètent moins de fruits, de légumes et de viande frais, jugés trop chers, et se tournent davantage vers les œufs, les pâtes ou les plats préparés. Les dépenses en textile et en automobile subissent également cette tendance, en partie à cause d’une attente de nouvelles technologies. Ce phénomène, observable depuis la crise sanitaire, marquée par la fermeture des magasins et des restaurants, a été amplifié par la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024.

« Les Français broient du noir. Comparés à leurs voisins, ils sont beaucoup plus pessimistes », souligne Dorian Roucher. Cette perception semble cependant déconnectée de la réalité (augmentation des salaires, résistance du marché du travail, etc.) : « C’est psychologique », note Maxime Darmet, économiste chez Allianz Trade.

### Consommation en baisse, épargne en hausse

Dans sa note de conjoncture de septembre, l’Insee a observé que « la confiance des ménages, qui se redressait tendanciellement jusqu’à l’été 2024, recule presque continûment depuis ». « Leurs gains de pouvoir d’achat ont été plus importants qu’ailleurs en Europe », en raison d’une inflation plus faible, qui devrait s’établir à 1 % en moyenne annuelle en 2025, « mais leurs achats demeurent moins dynamiques et le taux d’épargne atteint chaque trimestre un nouveau record à la hausse. »

Alors que des débats budgétaires houleux secouent l’Assemblée, l’horizon économique reste incertain. Ce climat d’incertitude a pu être renforcé par des tensions commerciales et géopolitiques au niveau international. Selon l’institut statistique, la consommation des ménages devrait croître de seulement + 0,5 % cette année, après une augmentation de + 1,0 % en 2024 (contre + 0,8 % et + 2,5 % pour le pouvoir d’achat). En conséquence, le taux d’épargne – la part non consommée du revenu – continuerait d’augmenter, contrairement à d’autres pays européens. Il atteindrait 18,5 % sur l’année (après 18,2 %), atteignant un niveau record en 45 ans hors crise sanitaire, alors qu’il était auparavant stable autour de 15 %.