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Les écrans dangereux avant 6 ans ? « Tout est question de dosage », des parents « pas très inquiets » témoignent

C’est une alerte coup de poing qu’ont lancé des professionnels de la santé et de l’éducation en début de semaine et qui pourrait impacter grandement vos habitudes. Cinq sociétés françaises de scientifiques (ophtalmologie, pédiatrie, Santé publique, psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, Santé et environnement) ont, en effet, dénoncé l’altération durable des capacités intellectuelles des enfants de moins de six ans à cause des écrans.

Si aujourd’hui les écrans sont déconseillés pour les moins de 3 ans – et que les parents s’y tiennent autant que faire se peut – les nouvelles études démontrent qu’il faudrait les interdire jusqu’à 7 ans. Et pour cause, les professionnels de la petite enfance constatent les dégâts, au quotidien, de ces écrans sur les enfants de moins de six ans : retard de langage, troubles de l’attention, de la mémorisation, agitation motrice…

Mais après ce constat, comment les parents réagissent à ces nouvelles informations ? Sont-ils inquiets ? Vont-ils changer leurs habitudes ? 20 Minutes a demandé à ses lecteurs et lectrices ce qu’ils en pensaient.

Une question de dosage pour de nombreux parents

« Je ne suis pas inquiète plus que ça, je pense que tout est une question de dosage », réagit Sarah, « maman solo » de deux enfants. Pour cette mère de famille donc, l’équilibre est de mise entre « laisser la tablette à son enfant toute la journée et le priver d’écran jusqu’au collège ». Pourtant, les scientifiques alertent même pour une utilisation partielle des écrans.

Cette maman utilise l’application Okoo de France Télévisions pour choisir les dessins animés de ses enfants en fonction de leurs âges. Et son dosage, c’est « 45 minutes de dessins animés tous les jours après l’école depuis l’âge de trois ans pour ma grande et elle a sauté deux classes. Je ne pense donc pas que cela ait impacté son développement ». Et de poursuivre : « En dehors de ces 45 minutes d’écran, elle passe deux bonnes heures par jour dans le jardin avec sa petite sœur, adore faire des activités manuelles de style macramé et puzzle, et lit un roman par semaine. La petite suit le même chemin, avec des dessins animés de son âge bien entendu. »

Un indispensable pour être accepté ?

Sarah estime d’ailleurs ne pas avoir eu de problème de développement alors qu’elle a grandi devant le Club Dorothée. Un argument utilisé aussi pour cette nounou. « J’ai été éduquée avec le droit de regarder la télé avant 6 ans et je ne m’en porte pas plus mal aujourd’hui. Cela n’a interféré en rien à mon apprentissage à l’école », estime Alphonsine qui garde des petits chez elle.

Selon cette nounou, d’ailleurs, la télévision permet la socialisation entre enfants… « Pendant la récréation, si un enfant parle d’un dessin animé en particulier et qu’un autre enfant, qui n’a pas le droit à la télé demande de quoi il parle, il va passer pour un idiot et risque d’être la risée des autres. Les enfants de nos jours ne sont pas gentils entre eux et il ne faudrait pas que certains soient mis de côté par d’autres car ils ne connaissent pas les dessins animés. »

Des parents donc, plutôt dubitatifs sur les dernières alertes… Comme pour Eric. « Je dois reconnaître que mes enfants ont grandi avec la télévision, les Game Boy et nombreux autres produits vidéo dérivés. Mes enfants ont très peu apprécié la lecture de livres à leur époque, mais jouaient volontiers avec leurs amis. Ils ont appris à parler très tôt et écrire précocement dès la fin de maternelle. Ce qui a favorisé leurs études primaires et secondaires. C’est pourquoi je reste surpris de ces avis absolus qui manquent de nuances et aussi de références scientifiques », explique le père de famille.

La peur de la « violence des autres enfants » à cause des écrans

Mais certains parents, en revanche, sont loin d’être à l’aise. « Si je suis inquiet d’avoir mis en danger mes enfants ? Bien sûr. Heureusement, ils grandissent bien, mais on va devoir faire attention avec ma femme. Ça n’a jamais été chez nous le paradis des tablettes, mais comme tout parent, parfois, c’était la facilité », s’émeut Julien, papa de trois petits garçons, qui compte se renseigner auprès du médecin pour la santé de ses enfants.

Une inquiétude partagée, mais différente pour Harry, papa de deux enfants de 2 et 5 ans, qui n’offre aucun écran à ses enfants. « Je suis inquiet pour mes enfants non parce qu’ils passent des heures sur les écrans, mais par la violence des autres enfants, à cran après avoir passé des heures sur leur tablette. »

« Aujourd’hui, nous avons aucune excuse »

C’est pour cela que cette mère d’un garçon de 6 ans a fait le choix, depuis le début du « zéro tablette ou portable ». « Je n’accorde à mon fils de 6 ans que ce que mes parents m’octroyaient à cet âge fin 80-début 90. Un a deux dessins animés par semaine rigoureusement choisis à regarder avec lui et pas en libre accès. Ce n’est pas dans l’air du temps et ce n’est pas la solution de facilité quand tous les copains à côté ont ce qu’ils veulent, mais pas le choix. » Mais un « poids en moins » pour la santé de son petit garçon.

Un choix partagé par cette autre mère de famille. « Je ne suis pas du tout pour qu’on occupe un enfant devant un écran. La seule fois où elle a eu accès, c’est dans l’avion (moment de stress pour moi) et FaceTime avec la famille. Elle a 2 ans et demi et même lorsqu’elle sera plus grande je ne compte pas l’occuper devant un écran. Les enfants ont la capacité de s’occuper tout seul si on leur apprend. Aujourd’hui, nous avons aucune excuse, nous sommes tous au courant que cela est néfaste pour eux », conclut Marisa.