France

Les blagues pour le poisson d’avril à éviter absolument

Le 1er avril signe pour beaucoup l’occasion de rire un bon coup. Mais chaque année, certains transforment cette tradition en festival du malaise et du mauvais goût. Alors avant de sortir la farce du siècle, il serait bon de se demander : est-ce que ça va vraiment faire rire quelqu’un d’autre que moi ? Petit tour d’horizon des « poissons » qu’on ferait mieux de laisser couler.

Des blagues qui franchissent les limites

Il y a une catégorie de blagues qui, chaque 1er avril, refont malheureusement surface. Ce sont celles qui jouent avec la peur, l’angoisse ou la santé mentale. Faire croire à un accident grave, une hospitalisation ou pire, un décès, ce n’est pas original, ce n’est pas drôle, et ça peut provoquer un vrai choc. Certaines personnes passent leur journée à essayer de joindre un proche qui ne répond pas, pendant qu’un petit malin rit derrière son écran. On a vu mieux comme humour.

De fausses annonces intimes à bannir

Les annonces du type « Je suis enceinte », « Je vais me marier » ou « Je quitte la France » ont le vent en poupe chaque 1er avril. Dans 90 % des cas, ça se termine par un « poisson d’avril » au bout de plusieurs minutes, accompagné d’un emoji hilare. L’intention est souvent légère, mais le résultat… pas toujours.

Annoncer une grossesse pour plaisanter peut heurter plus de monde qu’on ne le pense. Entre ceux qui peinent à avoir un enfant, pour qui ce sujet est douloureux et qui ne trouvent tout simplement pas ça drôle, le malaise est souvent au rendez-vous. Même chose pour les blagues autour du coming out. Quand on tourne ces sujets en dérision, on invalide la réalité de celles et ceux qui le vivent pour de vrai.

Quand l’humour frôle le tribunal

Il y a les blagues potaches, et il y a celles qui mériteraient presque un PV. Faire croire à un incendie, à une agression, ou appeler les secours pour de faux, ce n’est pas juste une mauvaise idée. C’est parfois un délit.

Si vous avez dans l’idée de saboter un vélo, de verser du laxatif dans le café d’un collègue, ou de coller quelqu’un aux toilettes avec de la super glue, posez-vous une simple question : suis-je en train de basculer dans un remake de Jackass sans le budget ni les assurances ?

Le bureau, terrain miné du mauvais poisson d’avril

En entreprise, le poisson d’avril peut vite devenir une mauvaise farce collective. Annoncer un faux licenciement, inventer une restructuration ou faire circuler un mail bidon signé du patron, c’est l’assurance de plomber l’ambiance en moins de deux minutes. L’humour au travail demande une certaine finesse.

Il vaut mieux éviter aussi les blagues qui touchent aux outils de travail. Inverser les touches du clavier d’un collègue ou bloquer sa souris avec du scotch peut sembler inoffensif, mais dans un environnement tendu ou en période de rush, ça peut vite virer à la prise de bec. À moins d’avoir une équipe vraiment joueuse, il est vivement recommandé de garder ça pour un apéro informel.

L’humour ringard qui fatigue tout le monde

On ne peut pas terminer ce tour d’horizon sans évoquer les éternels poissons collés dans le dos. À moins d’avoir huit ans et un paquet de gommettes à disposition, ce classique fait rarement rire quelqu’un au-delà du CE1.

Il y a un vrai décalage entre ceux qui pensent faire preuve d’une créativité géniale, et ceux qui enchaînent les « Ah… encore ça ? » toute la journée. L’humour, c’est aussi une affaire de timing et de renouveau. Si le poisson d’avril commence à ressembler à un copier-coller de l’année dernière, il est peut-être temps de repenser la blague.

D’où vient la tradition du poisson d’avril ?

Plutôt qu’une blague, prenez le 1er avril comme l’occasion de briller avec ces anecdotes. Avant d’être synonyme de farces et de poissons découpés à la va-vite, cette date a d’abord été une histoire de mots doux. Au XVe siècle, un certain Pierre Michault parle déjà de « poisson d’avril » pour désigner un garçon messager de billets galants. Plus tard, en 1507, Eloy d’Amerval glisse l’expression dans son Livre de la Deablerie. Le terme s’installe doucement, jusqu’à apparaître en 1539 sous la plume du poète Eduard de Dene, qui raconte comment un noble se moque de son valet en l’envoyant faire des courses absurdes. Il faudra attendre le XVIIe siècle pour que l’expression désigne clairement une blague, et 1718 pour qu’elle entre dans le dictionnaire, associée à une démarche inutile inventée pour se moquer de quelqu’un.

Mais pourquoi tant de blagues le 1er avril ? Plusieurs théories s’affrontent, sans qu’aucune ne mette tout le monde d’accord. L’une des plus tenaces remonte à 1564, quand Charles IX décide que l’année commencera désormais le 1er janvier. Auparavant, le jour de l’An était fixé au 25 mars, et les festivités battaient leur plein le 1er avril. Ceux qui persistent à célébrer le Nouvel An à cette date deviennent vite les cibles de moqueries. D’autres font remonter la tradition aux fêtes antiques : les Grecs, avec leur dieu moqueur Momos, ou les Romains, qui profitaient des Hilaria pour inverser les rôles et rire de tout.

Quant au fameux « poisson », son origine est floue : peut-être un clin d’œil au carême, ou une métaphore de la naïveté des victimes, attrapées comme des poissons au bout d’une ligne. Et si les francophones collent des poissons dans le dos, ailleurs, on préfère lancer de la farine au Portugal, des harengs aux Pays-Bas ou des queues dans le dos en Écosse. Le 1er avril a mille visages, mais une seule mission : faire sourire.