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L’éruption volcanique la plus intense jamais enregistrée dans le système solaire détectée sur une lune de Jupiter

Les astres ne cessent de nous surprendre. La Nasa a annoncé mardi soir que les scientifiques de la mission Juno ont découvert un point chaud volcanique dans l’hémisphère sud d’Io, une des lunes de Jupiter considérée comme le corps céleste le plus volcanique de notre système solaire. « C’est l’événement volcanique le puis puissant jamais enregistré » sur Io, décrit dans le communiqué (en anglais) Scott Bolton, l’enquêteur principal de la mission Juno d’étude de Jupiter, qui indique que cette découverte a « scotché [son équipe] ».

Si les données récoltées lors des précédents survols de cette lune avaient déjà « dépassé leurs attentes », c’est lors du dernier survol, le 27 décembre 2024 à quelque 74.000 kilomètres de distance, que l’instrument infrarouge Jiram de la sonde a repéré le point chaud inédit. Celui-ci est « non seulement plus grand que le Lac Supérieur [le plus grand lac d’eau douce au monde, situé à cheval entre les Etats-Unis et le Canada], mais il crache aussi des éruptions six fois plus fortes que l’énergie totale de toutes les centrales électriques du monde », précise la Nasa.

Deux instruments et un même constat

L’équipe scientifique chargée de l’instrument Jiram, développé par l’agence spatiale italienne, a estimé que le point chaud s’étendait sur 100.000 kilomètres carrés, battant largement le record de 20.000 kilomètres carrés jusque-là détenu par le lac de lave Loki Patera, toujours sur Io. Le « rayonnement infrarouge extrême » détecté était tellement fort qu’il a « saturé le capteur », raconte Alessandro Mura, coenquêteur de l’Institut national d’astrophysique de Rome. Le chercheur précise qu’il s’agit en réalité de plusieurs points chauds très rapprochés qui ont émis au même moment, formant « l’éruption volcanique la puis intense jamais enregistrée sur Io ».

Une analyse confirmée par les images de la JunoCam, une caméra à lumière visible embarquée sur la sonde, qui montrent des changements de couleur de la surface autour du point chaud. Ces changements sont « connus dans la science planétaire pour être associés à une activité volcanique », résume la Nasa.

Cette activité volcanique extrême sur Io est due à la variation de la force d’attraction de Jupiter, géante gazeuse, sur elle lors de son orbite en forme d’ellipse autour de la planète. Pendant les quarante-deux heures et trente minutes nécessaires à la lune pour faire un tour complet autour de Jupiter, la distance entre les deux objets varie et Io se retrouve en permanence comprimée par les changements de force gravitationnelle. La friction qui en résulte provoque une forte chaleur qui fait fondre certaines portions de l’intérieur d’Io, générant une série sans fin de panaches de lave et de rejets de cendres dans son atmosphère à travers ses quelque 400 volcans.

Une découverte prometteuse

L’observation d’une telle activité est d’autant plus fascinante que l’étude d’Io n’est pas le but initial de la mission Juno, lancée en 2011. Celle-ci, conçue pour observer la lumière infrarouge qui émerge de Jupiter grâce à son instrument Jiram, a été étendue par la Nasa, qui a décidé d’utiliser ce même outil pour étudier quatre lunes de la géante gazeuse : Io, Europe, Ganymède et Callisto.

Après la découverte d’une éruption de l’intensité de celle détectée en décembre, « susceptible de laisser des traces sur le long terme », la Nasa compte bien poursuivre la mission étendue de Juno : la sonde survolera de nouveau Io le 3 mars pour observer le point chaud et chercher des changements de paysage dans cette zone. Une preuve de l’importance de cette découverte « intrigante », « qui pourrait améliorer notre compréhension du volcanisme sur Io mais aussi sur d’autres mondes », se réjouit Scott Bolton.