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Le style « boom boom » ou l’art d’exhiber sa fortune avec excès (même si t’es fauché)

Le quiet luxury est mort, vive le quiet luxury ! A cette esthétique élitiste discrète née dans la série Succession répond aujourd’hui son exact contraire : la mode « Boom Boom ». C’est cette vieille dame esquissée par Jack dans Titanic, portant tous les bijoux qu’elle possède, c’est l’opulence affichée par Fallon Carrington dans Dynastie, c’est la résurgence de la mob wife, aka Carmela Soprano, dont le style et le mode de vie ostentatoires sont respectés par les uns, méprisés par les autres. Ce serait surtout une volonté, sinon une nécessité, d’ajouter une touche d’optimisme, de garder un certain contrôle, face au chaos ambiant et à un futur incertain.

Du quiet luxury au loud luxury

C’est à Sean Monahan, consultant et dénicheur de tendances à l’origine du normcore en 2014, que l’on doit les termes « Boom Boom ». Une esthétique qui aurait pour référence, selon le prévisionniste, l’année 1987, celle du krach du 19 octobre, le fameux « lundi noir ». Un contexte qui ne peut que faire écho aux fluctuations boursières actuelles liées au(x) positionnement(s) de Trump sur les droits de douane. Et comme à la fin des années 1980, certains tablent sur un style ostentatoire, poussé à l’extrême, pour faire face, ou tout du moins feindre de faire face, à ce qui apparait comme une crise sans précédent.

« Lorsque j’ai écrit pour la première fois sur le boom boom, j’ai dit : ‘Un navire s’envole vers la lune. L’autre coule au fond de la mer. Tout le monde regarde sa carte d’embarquement en croisant les doigts pour embarquer sur le bon navire’ », écrit Sean Monahan. Il évoque « une ère de destruction créatrice » où le paraître pourrait être perçu comme un moyen de reprendre le contrôle face au désordre.

Un « boom » pour le chaos, un « boom » pour cette mode criarde. Le mot n’est pas choisi au hasard car l’objectif est d’étaler sa richesse, ou pseudo richesse, au monde. En totale opposition avec le quiet luxury, qui se traduisait par un style minimaliste et discret, l’esthétique « Boom Boom » pourrait avoir le loud luxury pour synonyme. On est riche (ou pas) mais on le montre à travers des signes extérieurs de richesse aussi fake (la plupart du temps tout du moins) que superficiels.

La fourrure comme emblème

Qui dit mode ostentatoire, dit motifs tape-à-l’oeil (imprimé léopard à outrance), accessoires visibles à plusieurs kilomètres à la ronde (et portés en excès), volumes et proportions exagérés : tout ce qui peut être identifiable en un coup d’oeil et synonyme de compte bancaire bien fourni. Si les adeptes de l’esthétique « Boom Boom » pouvaient se trimballer avec le ticket de caisse version XXL de leur costume griffé, ils le feraient sans doute. Mais la véritable star de cette esthétique est tout autre. Il s’agit d’une matière qui semblait avoir déserté les podiums, boutiques et autres armoires des fashionistas ces dernières années : la fourrure.

Omniprésente sur les podiums des défilés automne-hiver 2025, la fourrure devrait s’imposer comme un incontournable dès la rentrée prochaine. Sous forme de robes chez Acne Studios, d’imposants manteaux et de chapeaux chez Anna Sui, de capuches chez Balenciaga, de vestes oversize et de sacs à main chez Balmain, de blazers aux épaules surdimensionnées et de jupes chez Ferrari, ou encore d’étoles chez Miu Miu, la fourrure se décline dans des teintes sobres ou colorées, des motifs clinquants, et sur l’ensemble de la garde-robe féminine, incarnant à la perfection l’esthétique « Boom Boom ».

De la même manière, ce style opulent se manifeste par le retour du costard-cravate chez les femmes. Le tout toujours proposé dans des proportions exagérées, version bermuda ou micro-short pour les unes, cravate portée torse-nu avec un blazer ample pour les autres. Toujours de manière aussi décalée que voyante dans l’idée de se faire remarquer. Une tendance observée dès les défilés printemps-été 2025 chez Saint Laurent, Loewe, Bally, Atlein, Moschino, Erdem, Coach, ou encore Stella McCartney. Quoi que vous choisissiez de porter, une chose est sûre, l’esthétique « Boom Boom » entend bien faire du bruit jusqu’à la fin de l’année.