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Le Scrabble a 75 ans : « J’ai découvert très tard que ça pouvait être un jeu marrant »

« Grand-mère », voilà le mot que les lectrices et lecteurs de 20 Minutes ont placé le plus souvent pour parler de leurs souvenirs autour du Scrabble. Alors que le jeu culte fête ses 75 ans en cette Journée mondiale du Scrabble, nous vous avons demandé quelle place le jeu à lettres occupait dans vos souvenirs.

Et certains d’entre vous le rangent plutôt sur l’étagère des cauchemars. Comme Benoît : « Franchement, ce jeu, c’est l’angoisse de mon enfance et mon adolescence, quand je devais y jouer pendant des heures avec ma grand-mère. J’étais nul à l’école et en orthographe. Je ne comprends pas pourquoi on appelle ça un jeu alors que c’est un objet de torture. » Romane a le même sentiment et le même souvenir. Du moins au début. « Je suis fille unique, je n’ai pas de cousin ou cousine. Donc en vacances ou en famille, chaque partie de Scrabble était un enfer pour moi, seule enfant au milieu d’adultes. C’était comme une punition d’y jouer… J’ai redécouvert le jeu une fois adulte chez des amis et j’ai adoré. On a tellement rigolé ! J’ai découvert très tard que le Scrabble pouvait être un jeu marrant grâce aux gros mots, aux insultes… »

« Tout le monde invente des mots (surtout papa) »

Heureusement, nombre d’entre vous avaient des souvenirs plus tendres avec les « mot compte triple ». Justine notamment : « Le Scrabble me rappelle mes fêtes de fin d’année en vacances quand j’étais jeune avec mes parents et ma grande sœur sur Belle-Îe-en-Mer. Des parties et des parties interminables… Des fous rires car tout le monde inventait des mots (surtout papa), on passait notre temps à chercher sur Internet si le mot existait. En compagnie de châtaignes cuites dans la cheminée… »

Jeu familial par excellence par sa longévité et son côté éducatif qui rassure les parents, le Scrabble inspire également des souvenirs tendres à Ludovic : « J’avais l’habitude de faire des parties avec ma grand-mère qui était plutôt balèze. Alors pour essayer de marquer des points j’avais deux techniques. La première : j’inventais des mots et je faisais semblant de les trouver dans le dictionnaire avec une définition complètement alambiquée. La seconde : quand j’avais des lettres qui valaient beaucoup de points, je cherchais un mot dans le dictionnaire en espérant qu’il corresponde et en faisant croire que je cherchais à vérifier l’orthographe d’un mot. Bref elle n’a jamais rien dit mais je suis convaincu qu’elle me grillait à chaque fois… »

« Syxtule » n’existe pas

Mais le Scrabble, ce n’est pas seulement un jeu de gentils petits-enfants avec leur mémé. C’est aussi un vrai jeu compétitif où, à la fin, il y a un vainqueur. Hando se souvient avec délice la fois où il a placé « en fin de partie « kabyles » : scrabble et triple. J’ai coiffé ma partenaire au poteau ! » Zozéphine quant à elle se souvient de sa grand-mère (encore une) qui « était une passionnée. Et je me rappelle sa tête lorsqu’elle couvait un « beau » mot, voire un mot complet et qu’on lui piquait sa place ! Je l’ai même vue pleurer pour ça. Elle essayait aussi de tricher, souvent, et quand on lui faisait remarquer que « syxtule » n’existait pas, par exemple, elle prenait des airs innocents « ah ouiii, vous êtes sûûûûûrs ? », et l’air méfiant, elle allait vérifier elle-même dans le dico. »

Lucie, quant à elle, est une mordue de Scrabble, tout comme son mari. Jugez plutôt : « Nous avons conservé les scores de toutes les parties de Scrabble effectuées depuis notre mariage il y a six ans… Imaginez une dizaine de feuilles A4 recouvertes de petits tableaux écrits en pattes de mouches… C’est la trace de nombreuses parties liées à autant de souvenirs. Il y a celle où j’ai enchaîné cinq scrabbles d’affilée, celle où mon mari a marqué 130 points d’un coup en prenant un double mot compte triple, celle où j’ai passé quatre tours sans voyelle, celle où mon mari a marqué 560 points… Et tant d’autres. »

« Ce qui compte vraiment, c’est la stratégie »

Enfin, certains internautes sont passés au stade ultime de l’amour du Scrabble. Alexandre Voisin est ainsi un champion de Scrabble, plusieurs fois primé en concours, en France mais aussi en Italie et en Allemagne. « J’aime tellement ce jeu que j’ai voulu essayer dans d’autres langues. Il n’y a pas besoin de savoir parler mais juste d’avoir une bonne mémoire. Quand vous avez trouvé un mot avec vos lettres, vous n’avez fait qu’un tiers du travail. Ce qui compte vraiment, c’est la stratégie, la maîtrise du plateau, les statistiques. Gêner ses adversaires en fermant le jeu, saisir les opportunités… »

On laisse l’anecdote de la mort à Jérémy : « A 14 ans, je me suis inscrit dans un club de scrabble. Là-bas, on joue en duplicate : tout le monde a le même tirage et le même meilleur mot (trouvé par l’ordinateur) est placé sur toutes les grilles de participants. Un jour, l’ordinateur joue « déféquer ». Logique, très beau scrabble, avec un Q, rien à dire. Sauf que je ne savais pas ce que ce mot signifiait. Quelques semaines plus tard, je tente « féquer », en me disant que le « dé » est sans doute un préfixe. Evidemment, ça n’existe pas, je prends 0 point et surtout, la définition de déféquer étant « expulser des matières fécales » l’arbitre puis la salle ont beaucoup rigolé quand ils ont su ce que j’avais joué… »

Vivement les 80 ans du Scrabble pour de nouvelles anecdotes aussi délicieuses.