France

Le R & B français, histoire d’un genre incompris

Au cours de la soirée des Flammes le 11 mai, le chanteur Tiakola a foulé plusieurs fois la scène du théâtre du Châtelet. Pour le trophée de l’album pop de l’année, pour celui du meilleur morceau afro ou d’inspiration afro, et puis, pour « Atasanté », sacré morceau R & B de l’année.

Le R & B, avec le rap, l’afro ou le hip-hop, obtiennent avec cette soirée une reconnaissance. Pourtant, ce genre musical a longtemps fait l’objet de confusion, d’incompréhension, parfois même de mépris. C’est ce qu’explique Rhoda Tchokokam, directrice artistique, photographe, critique et autrice de « Sensibles, une histoire du R & B français ».

Du label Sensitive à Aya Nakamura

Un projet littéraire né d’un paradoxe : « Le R & B est une musique sœur du hip-hop, qui émerge quelques années après elle, pourtant il n’y a aujourd’hui pas de livres sur le R & B. On parle de quarante ans d’histoire, les artistes sont présents, ils peuvent raconter cette histoire, mais il y a un manque essentiel ».

De là, Rhoda Tchockokam mène des entretiens, rencontre celles et ceux qui, dans les années 1990, lancent le R & B en France -un chapitre sur le label Sensitive édifiant ! – écoute en boucle leurs morceaux. Une plongée générationnelle qu’elle raconte dans ce podcast « Minute Papillon ».

Un R & B dilué

Avec pour objectif de comprendre qu’est ce qui a manqué au R & B pour s’imposer dans le paysage musical français encore aujourd’hui. Car si déjà à l’époque, le R & B peine à obtenir la reconnaissance du rap d’un côté et de la chanson française « à texte » de l’autre, il a depuis perdu son essence pour se conformer à des standards imposés par les labels.

Rhoda Tchokokam confie : « Il y a un type de R & B, le R & B variété, qui est arrivé selon moi trop tôt. C’est une musique diluée, vidée des éléments essentiels du genre. Mais cela plaît au public français. Donc les maisons de disques comprennent que c’est ce qu’il faut donner. Mais pour la vitalité du genre, pour la maturité cela n’a pas aidé ».

N’y voyant aucune fatalité, l’autrice persiste à trouver au genre une vitalité. « Il y a encore des artistes qui revendiquent un héritage R & B, comme Aya Nakamura ou Dadju. Et puis il y a aussi des artistes très clairement R & B comme Enchantée Julia ». Une analyse qu’elle conclut, pleine d’optimisme : « La scène n’est pas morte et pour moi elle est en train de renaître, très lentement certes, de ses cendres ».

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