France

Le prix du café n’arrête pas d’augmenter : jusqu’à quand ?

Près de 8 Français sur 10 consomment régulièrement du café, à raison de 5,4 kg par an et par personne en moyenne. Selon Loïc Marion, président du Collectif Café, « l’on manque cruellement de café depuis 2021 ».


« Bien sûr que j’ai vu que le prix n’arrête pas d’augmenter. Mais j’ai besoin de ma dose. Surtout au réveil car sinon, ce n’est pas la peine de me parler. » Agnès, rencontrée dans un supermarché du centre-ville de Rennes, profite de sa pause déjeuner pour faire quelques courses. Dans son sac, elle a un paquet de café moulu qui lui permettra de tenir une semaine en tant que « grosse buveuse de café ». À l’instar de cette mère de famille, près de 8 Français sur 10 consomment régulièrement du café, avec une moyenne de 5,4 kg par an et par personne. Pour ces amateurs d’arabica ou de robusta, ce petit rituel quotidien prend un goût de plus en plus corsé.

Deuxième boisson la plus consommée au monde après l’eau, le café, célébré ce mercredi lors de sa journée internationale, est, en effet, impacté par l’inflation. Qu’il soit vendu moulu, en grains, en dosettes ou en capsules, il fait partie des produits dont les prix ont le plus augmenté ces dernières années. « Il y a toujours eu des hausses dans l’histoire du café mais cela durait généralement six mois ou un an maximum », analyse Loïc Marion, président du Collectif Café. « Alors que là, les prix n’arrêtent pas de s’envoler depuis 2021. »

À cette date, un kilo d’arabica standard se négociait entre 2 et 2,50 euros. Cinq ans plus tard, les cours mondiaux ont explosé : le prix du kilo a triplé pour atteindre les 7 euros. Cela se répercute bien sûr dans les rayons des supermarchés mais aussi au comptoir, où le prix de l’espresso dépasse régulièrement les 2 euros. « Je n’en bois pas beaucoup et je préfère le consommer au bar mais c’est vrai qu’à ce prix-là, je comprends que certaines personnes préfèrent boire leur café chez elles », témoigne Houcine, assis sur une terrasse de la place Sainte-Anne, toujours à Rennes. Une table voisine voit Oriane admettre qu’elle a réduit sa consommation de caféine car « ça devient très cher, surtout que je suis étudiante. »

Loïc Marion souligne que « l’on manque cruellement de café depuis 2021 », son collectif représentant 180 adhérents, principalement des torréfacteurs. Ceci est dû au changement climatique qui affecte en général la production. En 2024, la sécheresse qui a touché le Brésil et les typhons qui ont frappé le Vietnam, deux pays producteurs majeurs, ont encore réduit les stocks. Parallèlement, la consommation mondiale ne cesse d’augmenter, notamment en Asie. « Les Chinois et les Indiens commencent à apprécier le café, donc cet écart entre l’offre et la demande fait mécaniquement grimper les prix », déclare le torréfacteur bordelais.

Mais jusqu’à quand les cours du grain vont-ils continuer d’augmenter ? Début juin, Giuseppe Lavazza, le dirigeant du géant italien du café, prévoyait pour 2026 « une accalmie » grâce à de très bonnes récoltes cette année. Cependant, pour Loïc Marion, le consommateur ne verra pas encore de changement. « On nous annonce une grosse production, mais les stocks sont tellement bas et la demande mondiale tellement forte que les prix ne devraient pas baisser l’an prochain, prévient-il. On devrait encore connaître une hausse, même si elle ne devrait pas être forte. »

Pour lui, il faudra plutôt attendre « cinq ou dix ans » avant de revenir à des prix « plus raisonnables », avec une forte augmentation de la production anticipée en Chine.

En attendant, les clients vont donc continuer à payer cher leur tasse. « De toute façon, tout a augmenté, que ce soit le café ou autre chose », déplore Myriam, qui compare désormais les prix au kilo entre les marques. « Mais je n’achète que de l’arabica, je n’ai pas envie de boire du jus de chaussettes », ironise-t-elle. Dans un marché français largement dominé par le café industriel, des artisans misent sur la qualité avec leur café de spécialité, deux à trois fois plus cher qu’un café vendu dans le commerce, mais bien plus savoureux et équitable. « La France a beaucoup de retard mais ça commence à se développer avec le boom des coffee-shops et le retour des torréfacteurs », se réjouit Loïc Marion.

Bien que représentant seulement « 6 à 8 % » du marché français, le café de spécialité progresse chaque jour, et cette hausse des prix du grain ne semble pas ralentir cet élan. « Il y a certes une baisse du pouvoir d’achat mais les Français veulent de plus en plus de bon café et ils sont prêts à mettre le prix », affirme le torréfacteur. Un peu, finalement, comme la tendance du boire moins mais mieux pour le vin.