Le point sur le « cluster » de botulisme déclenché par des injections illégales de botox

L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) lance une alerte à la suite de la multiplication de cas de botulisme. Elle fait suite à des pratiques illégales d’injection de toxine botulinique mettant en danger les utilisateurs. On fait le point sur ce dossier.
Que sait-on de ce cluster ?
En septembre 2024, l’agence a saisi le procureur de la République après le signalement de huit cas graves de pharmacovigilance « liés à des injections illégales de toxine botulinique ».
Les patientes ont présenté des symptômes sévères de botulisme : difficulté à parler ou à avaler (fausses routes), difficulté à marcher, vision floue ou double, difficultés respiratoires (nécessitant une trachéotomie pour certaines patientes). Plusieurs d’entre elles ont dû être hospitalisées en réanimation, « dans des situations de mise en jeu du pronostic vital », précise Mehdi Benkebil, directeur de la surveillance de l’ANSM.
Des cas sporadiques avaient été relevés ces dernières années, « mais là on peut parler d’un cluster, une situation exceptionnelle », indique-t-il. Toutes les femmes hospitalisées ont été injectées « au niveau du visage et du contour des yeux » dans le même centre en région parisienne. Elles semblaient victimes d’effets indésirables principalement liés à un « surdosage ».
La toxine botulinique, c’est quoi ?
La toxine botulinique est une neurotoxine utilisée en médecine esthétique pour l’amélioration temporaire de l’apparence des rides. Le médicament a aussi des indications pour le traitement de certains troubles musculaires ou neurologiques. Une intoxication à cette toxine peut provoquer le botulisme, maladie neurologique grave.
Seuls des médecins habilités peuvent acheter et administrer des produits injectables à usage esthétique. « La toxine botulinique est un médicament. Si un prestataire d’esthétique l’administre à ses clients, il se met dans l’illégalité et met en danger la santé de ses clients », prévient l’ANSM. Cette toxine est vendue par des laboratoires ou en pharmacie, mais sa délivrance directe est interdite au grand public, tout comme sa vente sur Internet.
En mars 2021, l’agence avait mis en garde les professionnels sur la circulation en Europe de produits falsifiés. Ces produits ne semblent pas être à l’origine de ce cluster.
Pourquoi les réseaux sociaux peuvent poser problème ?
De nombreuses influenceuses « ou des pseudos médecins sans qualification », font la promotion des injections de botox sur les réseaux sociaux. En se mettant parfois dans l’illégalité.
D’après l’Ordre des médecins, les actes médicaux et chirurgicaux illégaux à visée esthétique connaissent une forte croissance en France : en 2024, le nombre de signalements a atteint un record de 128, contre 62 en 2022.
Notre dossier sur la chirurgie esthétique
Mi-septembre 2023, deux sœurs très actives sur les réseaux sociaux avaient été condamnées à Valenciennes (Nord) à de la prison ferme et du sursis pour des centaines d’injections illégales de botox et d’acide hyaluronique.