Le petit dragon de « Le Royaume d’Ailm » soutient les enfants brûlés.
Le projet Le Royaume d’Ailm a été présenté au siège d’Alten à Boulogne-Billancourt et vise à aider les enfants brûlés âgés de 6 à 12 ans durant leur parcours de soins hospitaliers. Actuellement en version alpha ++, le jeu devrait être terminé d’ici fin 2026 et sera porté sur les appareils Android.
Soigner les enfants brûlés à l’aide d’un jeu vidéo mobile ? C’est le projet original que *20 Minutes* a eu l’occasion d’explorer lors de la présentation du *Royaume d’Ailm* au siège d’Alten, une entreprise de conseil située à Boulogne-Billancourt. Au premier abord, il peut sembler difficile de voir comment un jeu vidéo pourrait aider les enfants brûlés dans leur parcours de soins. Pourtant, tout devient clair lorsque Sandrine Melis, responsable du Programme Mécénat chez Alten, avec un sourire engageant, commence à exposer ce projet avec fierté.
« Le Royaume d’Ailm, c’est le jeu dont tous les enfants victimes de grandes brûlures ont besoin. Il s’adresse aux petits de 6 à 12 ans. Quand un enfant subit de graves brûlures, il est envoyé à l’hôpital. Il peut y rester au moins trois semaines, voire plus d’un mois pour recevoir des soins. C’est un univers inconnu pour lui. Il ne sait pas ce qui se passe. Ses journées consistent à subir des traitements douloureux et à attendre, enfermé dans sa chambre. C’est insupportable pour lui et pour ses parents. Nous avons souhaité créer un outil solidaire, capable d’aider chaque enfant à mieux comprendre son expérience et à retrouver de l’espoir. À travers Le Royaume d’Ailm, nous montrons aussi qu’un jeu vidéo peut devenir un véritable médiateur dans un parcours de soins et fournir des services essentiels sur des sujets profondément humains. »
Le *Royaume d’Ailm* permet à l’enfant de « jouer » son propre récit. Il incarne Kérian, un jeune dragon brûlé. Au fil de son aventure, il débloque des extraits d’un livre audio qui explique des notions liées à son parcours de soins : la cicatrisation, les gestes médicaux, le rôle des soignants… Le jeu simplifie ces concepts pour les rendre accessibles aux enfants et réconfortants pour les parents. C’est à ce moment que l’association Burns and Smiles a intervenu. Fondée par Laurent Gaudens, ancien brûlé, elle a accompagné Alten dans la création des ressources pédagogiques du jeu.
« C’est une telle fierté de voir le jeu prendre vie, ça dépasse mes attentes, souligne Laurent Gaudens, ému. J’ai partagé ma propre expérience de ce que j’ai vécu étant enfant. »
En 1973, à l’âge de 4 ans, sa vie bascule. Victime du retour de flammes d’un barbecue, il se retrouve brûlé sur plus de 60 % de son corps. Pendant près de 25 ans, le fondateur de l’association a subi 150 anesthésies générales et 80 interventions chirurgicales. Un véritable parcours du combattant qui ne l’a pourtant pas empêché de vivre sa vie.
« À l’époque, mes parents et moi aurions rêvé d’un tel accompagnement. Le jeu délivre aussi un message puissant pour les enfants. À travers les défis de Kérian, le jeune dragon, il leur montre qu’on peut toujours se relever, même après une blessure. »
Lors de cet échange émouvant, une jeune mère d’une fille de 11 ans, brûlée à l’âge de 7 mois, exprime son soutien inestimable au jeu. « Ce qui est intéressant avec *Le Royaume d’Ailm*, c’est que l’enfant a l’opportunité de reprendre sa vie en mains à travers l’aventure du petit dragon. En un instant, tout bascule dans sa vie. Rien ne peut le préparer à cela, et le fait de pouvoir rester auprès de son enfant et l’accompagner est bénéfique. De plus, le processus de guérison ne se limite pas à cette hospitalisation. Cela prend des années, la peau de l’enfant évolue et doit s’adapter. Pour ma fille de 11 ans, cela peut vraiment être super qu’elle puisse profiter de ce jeu. »
Le *Royaume d’Ailm* est encore en développement avant d’arriver dans les mains des enfants à l’hôpital. « Nous en sommes à une version alpha ++, déclare Guillaume Allemand, ingénieur d’études chez Alten. L’idée aujourd’hui était de présenter l’univers fantastique du jeu. C’est une première pour nous, donc nous apprenons en essayant. Nous avons reçu beaucoup d’aide, notamment celle d’étudiants ayant participé au développement de certaines missions. L’objectif est de terminer le jeu d’ici fin 2026, avec une version pour les appareils Android. »
La beauté de ce projet réside également dans sa solidarité collective. Au départ, l’équipe n’était qu’une dizaine. Aujourd’hui, elle regroupe une soixantaine de collaborateurs, incluant des ingénieurs, des artistes et des étudiants. C’est un projet où l’humain prime et qui montre ce que le jeu vidéo peut offrir de meilleur.

