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« Le père Noël, allié des parents en décembre, n’écoute pas beaucoup »

De nombreux parents brandissent la menace du père Noël pour inciter leurs enfants à être sages pendant la période des fêtes. Anthony et sa compagne ont créé une discussion virtuelle avec le père Noël sur Messenger pour gérer le comportement de leur fils aîné.


Décembre. Ce mois est synonyme de chansons de Noël, de chocolats chauds et de rues illuminées… mais également d’enfants fatigués et surexcités. Pour traverser cette période éprouvante, de nombreux parents ont trouvé une solution (ou essayé) : brandir la menace du père Noël qui ne viendra pas. « Si tu n’es pas sage, le père Noël ne va pas venir », « le père Noël te voit, attention »… Ces phrases, presque tous les parents les ont déjà prononcées face à des enfants capricieux, avec des résultats variables. Le vénérable bonhomme pourrait ainsi devenir un allié précieux, avant et même après les fêtes.

Anthony, père de deux garçons de 6 et 2 ans, a une méthode bien rodée : « On dit clairement toute l’année que le père Noël regarde tout ce que les enfants font et qu’il décidera en décembre s’ils ont été sages pour recevoir des cadeaux », témoigne-t-il. Pour instaurer ce « chantage », lui et sa compagne ont créé une discussion virtuelle avec le père Noël sur Messenger. « Il ne répond jamais, mais nous envoyons des croix rouges lorsque l’aîné n’est vraiment pas sage et des ronds bleus quand il est adorable », précise-t-il.

Une « menace » qui « fonctionne vraiment bien », selon Anthony, qui utilise également une autre astuce : le père Noël de Bouygues. Ce service permet de recevoir une vidéo du célèbre bonhomme rouge délivrant un message personnalisé. En plus de provoquer une « réaction assez cool », cette méthode « passe plutôt bien [auprès de son fils] et le calme bien », raconte Anthony.

Caroline, qui avertit régulièrement ses enfants de 6 et 3 ans qu’ils n’auront pas de jouets à Noël s’ils se plaignent d’ennui malgré leurs nombreuses jouets, utilise également le père Noël pour leur transmettre des messages. Son « plus grand fait d’arme » : « J’ai écrit une lettre à mon aîné en me faisant passer pour le père Noël pour le prévenir que s’il n’était pas un peu plus sage, il n’aurait pas de cadeau à Noël. »

Un extrait de cette lettre : « Mes lutins m’ont dit que tu n’écoutais pas beaucoup ces derniers temps. Sache que le père Noël voit tout et n’oublie rien. » Malgré cette punchline, cette petite manœuvre n’a « pas du tout » fonctionné sur le fils de Caroline : « Il a surtout retenu que le Père Noël lui avait écrit une lettre et il était trop content. »

La surveillance du père Noël est également utilisée par Jérôme avec ses garçons de 8 et 5 ans. « Quand ils sont dissipés à table, capricieux ou se chamaillent, nous montrons avec ma compagne la VMC de la cuisine. Nous leur disons que depuis cette VMC, le père Noël voit et entend tout et que s’il remarque qu’un enfant n’est pas sage, il enlève un cadeau de sa hotte », raconte Jérôme. « Le plus souvent, ils se calment. » Mission accomplie.

Si ces techniques semblent fonctionner, c’est avant tout parce qu’il est connu, « au niveau des neurosciences, que le cerveau de l’enfant est très réceptif au système de récompense », explique Aline Nativel Id Hammou, psychologue clinicienne et psychothérapeute. Les enfants, « baignés dans l’ambiance de Noël » à cette période, « acceptent d’ajuster leur comportement parce qu’ils sont conscients qu’ils vont obtenir quelque chose ». Le tout dans une « atmosphère sympa » porteuse de valeurs auxquelles ils « sont plutôt réceptifs ».

Pour les parents, faire appel au père Noël comme levier permet de rappeler aux enfants la notion de mérite quant à leur comportement. Cela insiste sur le fait que « qui dit cadeaux dit qu’on attend certaines choses d’eux », résume la psychologue clinicienne, qui ne voit rien de répréhensible à se servir « à bon escient » du père Noël dans certains contextes en décembre.

D’autant plus que cette méthode n’est que l’incarnation saisonnière d’un procédé « qu’on conseille lorsque les parents ont du mal à poser des limites » : l’utilisation d’un tiers. « Parfois, une règle, une consigne, sera mieux acceptée par un enfant quand c’est un minuteur, le lapin de Pâques ou autre qui dit stop ou la définit. » On utilise ici « le père Noël, les lutins, les rênes, la mère Noël, ce que vous voulez, pour rétablir un cadre et pour que l’enfant se réajuste à ce qu’on attend de lui ». Il n’y a donc pas de mal à appliquer ce genre de technique pour faciliter la vie pendant les fêtes. Et soyons clairs : non, le père Noël ne peut absolument pas passer par la VMC.