France

Le maire de Saint-Brevin reproche au préfet de « mentir effrontément »

Quelques heures avant de s’entretenir avec la Première ministre Elisabeth Borne, Yannick Morez, le maire démissionnaire de la commune de Saint-Brevin-les-Pins (Loire-Atlantique), a été auditionné ce mercredi midi par une commission de sénateurs. Il a réexpliqué longuement le contexte de sa démission : le projet de construction de centre d’accueil de demandeurs d’asile (Cada) porté par l’Etat, la montée en puissance de la contestation venue d’un collectif soutenu par l’extrême droite, « les articles sur les réseaux sociaux », « les insultes », « les menaces », « les tracts ignobles ». Jusqu’à l’attentat qui a visé son domicile dans la nuit du 21 au 22 mars. « Probablement un engin explosif lancé entre mes deux véhicules. Ils ont pris feu et ça s’est propagé à mon domicile. Nous étions dans la maison. Heureusement nous avons été réveillés par les bruits. Tout était en train de brûler. (…) J’ai pris un coup sur la tête ce jour-là. »

Yannick Morez a également réexprimé son sentiment d’un « manque flagrant de soutien de l’Etat », expliquant avoir alerté à plusieurs reprises la gendarmerie, le procureur de la République, la préfecture de Loire-Atlantique de l’existence de menaces. « On a vraiment eu l’impression de n’avoir jamais été pris au sérieux. » L’élu reproche aussi aux autorités de ne pas avoir donné suite à sa demande de protection renforcée après l’attentat contre son domicile, ou de ne pas avoir interdit la manifestation organisée par l’extrême droite sur sa commune le 29 avril. « Il y a eu des dégradations, une voiture brûlée, pas mal de dégâts. J’ai écrit le 30 avril au préfet pour déplorer son absence de soutien et lui demander le remboursement des dégâts. »

« On ne voulait plus vivre cela »

C’est finalement des insultes reçues par un militant du collectif alors qu’il se trouvait à la terrasse d’un café le week-end du 1er mai qui ont convaincu Yannick Morez de renoncer. « On ne voulait plus vivre cela, ma femme ne voulait plus rencontrer ce genre de personne. C’est la raison pour laquelle j’ai décidé de démissionner. Et de quitter la commune. » Une décision bien réfléchie assure-t-il, même s’il ne s’attendait « pas à ce que cette démission fasse autant de remous ». « J’ai eu le temps de bien réfléchir. Je ne reviendrai pas en arrière. De toute façon, j’avais décidé de ne pas me représenter. »

Amer, Yannick Morez est également revenu sur les déclarations du préfet de Loire-Atlantique, Fabrice Rigoulet-Rose, le 11 mai, assurant que le soutien de l’Etat avait été « permanent ». « Quand le préfet dit qu’il a organisé des réunions publiques : de la part d’un préfet, mentir effrontément en public… Il représente l’Etat quand même. Il sait très bien qu’il n’a pas organisé de réunions publiques. On a toutes les preuves. Il suffit de lui demander la date, il ne pourra pas en fournir. (…) Quand il dit à la presse qu’il m’a eu régulièrement au téléphone : le jour où j’ai présenté ma démission, c’était la deuxième fois. Quant au sous-préfet, je l’ai eu au téléphone le jour de l’incendie, depuis plus jamais. »

En conclusion de son audition, Yannick Morez, espère que sa démission aura au moins été utile aux autres maires confrontés à de pareilles situations : « si je peux au moins terminer cette carrière politique en ayant fait bouger les lignes pour les maires. Les contraintes sont de plus en plus importantes ».