France

Le maintien à l’isolement d’un détenu d’ultragauche jugé illégal par la justice administrative

Un isolement beaucoup trop long. Le tribunal administratif de Versailles a jugé illégal le maintien à l’isolement pendant plus an d’un détenu d’ultragauche désormais libre et qui devrait être jugé à l’automne pour des soupçons de préparations d’« actions violentes ». Florian D., militant libertaire âgé de 39 ans, avait déposé une requête en mars 2021 pour contester son maintien à l’isolement à la prison de Bois-d’Arcy depuis son incarcération en décembre 2020.

Il fait partie d’un groupe de sept personnes accusées d’avoir projeté en 2020 des actions contre des policiers ou militaires. Ils doivent être jugés à l’automne devant le tribunal correctionnel de Paris pour association de malfaiteurs terroriste – le seul dossier d’ultragauche entre les mains d’un juge antiterroriste. Considéré comme le meneur, Florian D. avait combattu auprès des Kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) au Rojava en Syrie, contre le groupe Etat islamique. Le 27 février 2022, il avait entamé une grève de la faim, dénonçant un an et deux mois d’un isolement qui, selon lui, « punit » ses « opinions politiques ». Il avait été transféré dans un hôpital pénitentiaire au bout d’un mois, puis remis en liberté le 7 avril 2022 pour motif médical.

Une « absence de lien social » aux lourdes conséquences

Il est depuis sous contrôle judiciaire, comme les autres mis en cause dans cette affaire. Florian D. demandait à la justice administrative d’annuler deux prolongations de son placement à l’isolement, dont une décidée par le ministre de la Justice (comme le prévoit la loi au-delà d’un an d’isolement).

Il soutenait que son comportement en détention était « exemplaire » et que « l’absence de lien social » avait des « répercussions négatives sur son état psychique ». Les éléments transmis au tribunal « ne permettent pas de caractériser un risque d’incidents graves » si Florian D. avait été placé en détention ordinaire, confirme la juridiction dans sa décision, rendue le 18 avril.

Alors que l’administration avait fait valoir le risque de « l’influence négative qu’il pourrait exercer » sur ses codétenus, « aucune pièce tenant à son profil carcéral ne permet de corroborer cette affirmation », est-il aussi écrit.