France

Le Français Hellowork met un pied à l’étranger pour chatouiller Indeed et LinkedIn

En 2021, ils avaient réalisé une croissance « inattendue ». Lorsqu’ils se sont penchés sur le bilan de l’année 2022, les dirigeants de la société Hellowork ont vu qu’ils avaient fait encore mieux. Celle que l’on a longtemps appelée Régionsjob a de nouveau réalisé un exercice exceptionnel avec plus de 94 millions d’euros de commandes l’an passé. Un chiffre en hausse de 33 % par rapport à l’année 2021, qui avait déjà été marquée par une croissance de +30 %. « Depuis 2018, tous nos indicateurs ont doublé », résume François Le Verger. Les chiffres avancés par le directeur général de la société donnent le tournis : 3,5 millions de candidatures sont envoyées chaque mois et plus de 8,5 millions d’offres d’emploi ont été mises en ligne en 2022. En quatre ans, le nombre de salariés a bondi de 250 à 500, répartis à Rennes, Bordeaux et Paris. Des résultats qui poussent la société à voir plus grand, au point de vouloir chatouiller les géants américains Indeed et LinkedIn.

Créée dans la capitale bretonne en 2000, la société est partie de rien. « Je me souviens de nos débuts. Nos concurrents misaient tout sur la com’ en repeignant le métro parisien ou en mettant leur logo sur des ballons dirigeables. Nous, on distribuait des flyers au marché des Lices », nous confiait il y a quelques années Gwenaëlle Quénaon-Hervé, qui a depuis quitté la société.

Un marché de l’emploi très dynamique

A force de grandir, Hellowork n’a eu d’autre choix que d’endosser le rôle de leader français de l’emploi, du recrutement et de la formation. « Nous profitons d’un marché de l’emploi très dynamique qui génère énormément de mouvements. Le turnover est plus fort, les entreprises doivent investir pour recruter », poursuit Jérôme Armbruster, président et cofondateur d’Hellowork. Les tensions de recrutement dans certains secteurs sont-ils une aubaine pour eux ? « Les extrêmes sont mauvais pour tout le monde. Il ne faut pas trop de tensions. » Mais soyons honnêtes. Les entreprises en peine multiplient les actions pour démarcher les candidats, se tournant vers les plateformes d’emploi et de recrutement pour les aider.

Si la société rennaise affiche une telle croissance, c’est aussi parce qu’elle a été maline dans ses acquisitions. Depuis 2018, elle a sorti le carnet de chèques pour engloutir les sociétés JobiJoba, Diplomeo, Seekube et Basile. Le bilan étant excellent, Hellowork a décidé de continuer sa politique d’acquisitions. Soutenue par son actionnaire Le Télégramme, elle s’est réservé une enveloppe de 50 millions d’euros pour s’agrandir. « Nos ambitions évoluent car la société grossit. En 2018, nous avions effectué quatre acquisitions majeures. Là, on s’oriente plutôt vers deux acquisitions mais d’une envergure plus importante », poursuit Jérôme Armbruster, président et cofondateur d’HelloWork.

« Une question de souveraineté »

Si elle veut continuer de grossir, c’est d’abord pour garder son leadership français. Mais dans les années à venir, Hellowork se verrait bien mettre les pieds à l’étranger, où sa présence est pour l’heure assez discrète. « Il y a une question de souveraineté à se dire que les données partagées ne viennent pas de l’autre bout du monde. On doit se donner les moyens de rester le Français qui vient challenger les acteurs internationaux », explique François Le Verger, en référence à Indeed et LinkedIn. « Ils sont beaucoup plus gros, mais ils sont aussi moins agiles. Notre priorité pour 2023, c’est de commercialiser nos solutions à l’étranger », conclut David Beaurepaire, directeur délégué de la société. L’entreprise bretonne vise notamment les pays voisins de la France comme l’Allemagne et le Royaume Uni mais ne s’interdit pas de conquérir toute l’Europe. Son CV lui permet aujourd’hui de rêver.