Le créateur de la poussette Yoyo lance Bastille, un vélo pliable.
Gilles Henry, inventeur de la poussette Yoyo, a vendu 2,2 millions de poussettes dans le monde depuis 2012. Le vélo pliable Bastille, pesant 15,2 kg dans sa version à trois vitesses, se plie et se déplie en six secondes.
Vous ne connaissez peut-être pas sa dernière invention, mais vous avez sûrement entendu parler de Yoyo, la poussette pliable dont il est l’inventeur et qui, depuis 2012, a transformé la vie des jeunes parents. Gilles Henry, aujourd’hui âgé de 65 ans, continue de savourer son succès après avoir vendu 2,2 millions de poussettes dans le monde. Il se lance maintenant un nouveau défi : créer le premier vélo pliable à grandes roues. Pari réussi avec Bastille, une étonnante monture qui se plie et se déplie en seulement six secondes.
Le vélo pliable fait sa révolution
Gilles Henry reste modeste face à son succès. Ingénieur de formation, il confie que la popularité de ses créations l’a pris de court. « Ne plus pouvoir sortir dans la rue sans voir un produit que j’ai créé, c’est quelque chose auquel je ne m’habitue pas ! Parler aux gens et entendre que cette poussette a changé leur vie est extrêmement gratifiant », déclare celui qui, il y a quelques mois, a lancé Bastille. Une autre révolution.
« En fait, lorsque je travaillais sur mon projet de poussette, je me suis intéressé aux vélos, et aux vélos pliables. Il y avait des concepts intéressants, mais je ne trouvais pas de bon vélo. Et pourquoi avaient-ils tous des petits roues ? », se souvient Gilles Henry. Nous étions en 2014, et des marques comme Brompton ou Strida proposaient en effet des vélos pliants, mais leurs roues (de 16 ou 20 pouces) ne sont pas très pratiques pour de courts trajets urbains.

Développer un vélo pliable avec de grandes roues (ici 27,5 pouces), pouvant être utilisé exactement comme un vélo classique, a été « long et lent », explique aujourd’hui Gilles Henry. « Je me suis vite rendu compte qu’un vélo est beaucoup plus complexe qu’une poussette, avec des éléments techniques incontournables. Mécaniquement, les contraintes sont beaucoup plus élevées ».

Gilles Henry se tourne vers Julien Leyrelou, qui a fondé Victoire Cycles à Clermont-Ferrand, « l’un des meilleurs cadreurs qui fait du sur-mesure et qui a immédiatement adhéré au projet du vélo Bastille ». Julien est chargé de dessiner la géométrie du vélo, tandis que Gilles doit le rendre pliable. Ce n’est pas une tâche facile, même pour celui qui a déjà plié la poussette comme personne.
« Quand je n’y arrivais pas, je mettais de côté et revenais plus tard sur le projet. Le processus est passionnant et il y a toujours cette foi qu’une solution existe, que quelqu’un n’a pas encore exploré comme il faut », confie Gilles Henry. Il finit par trouver la solution. « C’est un pliage en pyramide avec un seul degré de liberté, autrement dit, une seule façon de plier ».
Six secondes suffisent pour plier le vélo Bastille. En voyant Gilles Henry à l’œuvre, cela semble être d’une facilité incomparable. Lors de l’essai, il faut cependant plusieurs tentatives pour mémoriser les quelques étapes à suivre pour réduire le vélo à la taille d’un bagage cabine. « Il fallait que ce soit rapide et facile, si possible faisable d’une seule main. Nous avons traversé de nombreuses phases de prototypage, avec six versions différentes de la tige de selle pour arriver à un produit efficace et simple à fabriquer », indique l’ingénieur.
Moins de 16 kg
Pesant 15,2 kg dans sa version à trois vitesses (16 kg pour celle à sept vitesses), le vélo à courroie, disponible avec un guidon droit ou légèrement ceintré et un cadre en aluminium fabriqué à Angers, équipé de garde-boue, d’éclairages avant et arrière, ainsi que d’une béquille, est très discret une fois plié : 87 x 73 x 36 cm. Il peut donc être déplacé en position de roulage, ce qui est très pratique dans une rame de TER, à la gare, ou simplement pour le ranger chez soi, avec une housse de transport proposée en option. De plus, une poignée facilite sa manipulation.

« Un des principaux problèmes du vélo en ville, c’est le vol : les gens ne savent pas où le ranger, comment le sécuriser. Beaucoup ne veulent pas d’un vélo pliant à petites roues et préfèrent recourir à la location, ou à la trottinette électrique… Nous voulons nous adresser en priorité à eux, pour les déplacements quotidiens. Un tel vélo pliant est également un vélo multimodal », précise le créateur de Bastille.
Expérience et maintenance
Proposé à 2.590 euros (3 vitesses) ou 2.790 euros (7 vitesses), Bastille peut bénéficier d’une subvention de 400 euros sans condition en Île-de-France. Le vélo a déjà trouvé sa place dans un réseau d’environ quarante revendeurs en France (et une vingtaine en Europe). Gilles Henry, qui le commercialise également sur Internet, privilégie néanmoins les petits détaillants, qui offrent une expérience et de la maintenance. « Nous avons vu des marques comme Angell, VanMoof, Cowboy, qui se sont développées en ligne, mais toutes n’ont pas connu le succès sur ce modèle, qui s’avère très fragile. Atteindre les gens est très difficile. Pour le vélo, il vaut mieux l’essayer », soutient le fabricant de Bastille.
Il espère vendre plusieurs milliers d’exemplaires de son vélo dès 2026, et plusieurs dizaines de milliers à long terme. Sans oublier la version électrique de Bastille qui devrait être annoncée d’ici la fin de l’année 2025. Gilles Henry nous donne déjà quelques indices : « Nous avons trouvé une solution qui tire tous les avantages du pliage, sans nouvelles contraintes, avec une autonomie respectable correspondant à celle d’un vélo de ville de moins de 20 kg, que l’on peut remonter chez soi et stocker pour le recharger. Et avec un prix compétitif ».

