Le col de Vence est un « hotspot » de la chasse aux ovnis et des phénomènes inexpliqués
De nuit, de là-haut, à presque 1.000 m d’altitude, les lumières de la ville semblent lointaines. Le col de Vence, au milieu des Alpes-Maritimes, est un peu à l’écart de la civilisation. Haut lieu des amateurs de vélo régulièrement traversé par le Paris-Nice, cette zone de nature réunit aussi régulièrement des passionnés d’un tout autre sport : la chasse aux ovnis. Ou plutôt la chasse aux « Pan », les phénomènes aérospatiaux non identifiés, « comme il convient de dire maintenant », rectifie Serge Tinland.
Cet Azuréen de 59 ans, aspirant candidat à la dernière présidentielle pour laquelle il appelait à investir massivement dans la « recherche d’intelligence extraterrestre », est un habitué des lieux. Il fait même partie d’un groupe, Les invisibles du col de Vence (ICDV), qui veille régulièrement sur place dans l’espoir de faire de nouvelles expériences.
Mais ils ne sont surtout pas des hurluberlus. Ils savent faire la part des choses, explique celui qui se présente comme un ufologue, un enquêteur. L’apparition d’une « méduse », en 2009, était en fait l’œuvre d’un « faussaire » que ces spécialistes avaient débusqué. Un canular qui signe en tout cas la réputation du site, devenu un des « hotspots de France » en matière de phénomènes inexpliqués, appuie Serge Tinland. Parfois couvert d’un épais brouillard qui ajoute à sa légende, visité par les curieux de son « village des Idoles », un ensemble de roches calcaires où les énergies cosmiques atteindraient des sommets, le col de Vence serait bien le théâtre d’apparitions inexpliquées.
« Un triangle, une masse sombre au travers de laquelle on ne voyait plus les étoiles »
« Certains ont vu des lumières, d’autres ont eu même la chance de voir des structures, assure-t-il. Le panel des observations est assez large. » Il est, en fait, alimenté depuis des décennies. C’est un témoignage enregistré en 1994, à la fin de l’hiver, qui aurait fait se tourner l’attention de ces chasseurs vers le col.
Cette année-là, le soir du 5 mars, Pierre Beake, déjà largement intéressé par l’immensité de l’espace et ses secrets, se rend sur place avec sa femme, son fils et un ami. Tous s’installent, prêts à contempler les étoiles une bonne partie de la nuit. Quand tout à coup, expliquera-t-il aux gendarmes dès le lendemain, sur les coups de 23 heures, deux lueurs apparaissent. Puis une autre. « Ces trois lumières étaient disposées de telle façon à former un triangle », « une masse sombre au travers de laquelle on ne voyait plus les étoiles », décrit-il dans un procès-verbal d’enquête préliminaire. « L’engin » aurait alors « fait mouvement » vers le petit groupe « sans aucun bruit de moteur ». Un moment suspendu d’une minute et demi avant que les lumières faiblissent « simultanément », « puis s’éteignent ». Son ami dépose dans les mêmes termes.
Ovni ou pas ovni ? La gendarmerie clôt l’affaire dix-neuf jours plus tard, après « une enquête discrète » effectuée sur place, mais qui « n’a pas permis de recueillir d’élément ou de témoignage nouveau ». Depuis, le Geipan, le Groupe d’études et d’informations sur les phénomènes aérospatiaux non identifiés, a classifié cette affaire parmi ses 982 cas de « phénomène non identifié » par « manque de données ».
Seulement deux témoignages compilés par le Geipan
A l’époque, Pierre Beake est sûr que ce qu’il a vu n’a rien d’habituel. La télévision lui consacre des reportages. Et les visites sur ce spot s’amplifient. Avec des anomalies toujours régulières, assure Serge Tinland. Y compris dernièrement.
« Un phénomène aérien peu conventionnel » serait ainsi « revenu au minimum douze fois en un an demi, jusqu’au début 2020 ». Photos à l’appui prises la nuit du 8 septembre 2019, il décrit un « objet principal » avec trois lumières jaune orangée alignées et, juste à l’arrière, un « suiveur rouge » qui finit par « s’éloigner, très lentement et sans bruit ».

Cette observation n’a pas été transmise au Geipan, dont le site Internet ne fait mention que de deux témoignages concernant le Col de Vence : celui enregistré en mars 1994 et un autre envoyé en 2016 sur d’étranges lumières aperçues au-dessus de la mer. L’organisme avait alors conclu à une « observation probable de deux bateaux de croisières ». Invitée par 20 Minutes à s’exprimer sur ce site azuréen, cette branche du CNES (le Centre national d’études spatiales français), n’a pas donné suite. « Nous, on ne leur envoie rien. De toute façon, ils n’enquêtent pas », tranche net le cadre des ICDV.
« La dérision sur ce sujet, c’est terminé »
Pourtant les documents qui attestent de ces observations multiples, il en existerait des dizaines, selon Serge Tinland. Sur son site Internet, le groupe n’a partagé que quelques photos, pas de vidéo. L’ancien candidat à l’élection présidentielle avait bien proposé d’en transmettre une, prise par un autre membre des ICDV, à 20 Minutes. « Je ne pense pas qu’elle soit disponible de suite », a-t-il finalement expliqué.
Mais alors pourquoi ne pas rendre publics tous ces éléments, s’ils sont probants, histoire de faire taire les sceptiques ? Il élude : « C’est fini les quiproquos, la raillerie et la dérision sur ce sujet. C’est terminé. Nous n’en sommes plus du tout là depuis le 25 juin 2021 et la sortie du rapport du Pentagone qui livre des détails sur de nombreux survols d’objets absolument inconnus. C’est une réalité. Un projet de recherche est d’ailleurs lancé depuis le 25 juillet 2021, par 30 universités de renom, et notamment Harvard, pour répondre à cette question : que sont ces objets ? »
Galileo « pour la recherche scientifique systématique des preuves d’artefacts technologiques extraterrestres » a bénéficié d’un financement privé d’1,8 million de dollars à son lancement. En septembre dernier, ses responsables ont annoncé avoir obtenu une nouvelle enveloppe permettant d’organiser une expédition pour récupérer des fragments du premier météore interstellaire, tombé au fond de l’océan Pacifique. Viendront-ils ensuite enquêter au col de Vence ? Les passionnés locaux l’espèrent. Si la vérité est bien ailleurs, pour eux, c’est en partie ici qu’il faut commencer à la chercher.