« Le but c’est de faire ch*** : l’application obligatoire pour la pêche en mer expliquée. »
L’application « REC Fishing » a été mise en place par la Commission européenne et obligera les pêcheurs en mer à se déclarer individuellement dès 16 ans et à enregistrer chacune de leur sortie à partir du 10 janvier. Les pêcheurs devront identifier, mesurer et photographier chaque bar, chaque lieu jaune, chaque thon rouge, chaque dorade rose et chaque dorade coryphène capturée.
Cette application s’appelle « REC Fishing », abréviation de « recreational fishing », que l’on peut traduire par « pêche récréative » ou « enregistrement de pêche ». Instaurée par la Commission européenne, elle suscite la colère de nombreux pêcheurs en mer. À partir du 10 janvier, ils devront se déclarer individuellement à partir de 16 ans et annoncer chacune de leurs sorties. Chaque prise d’espèces considérées comme « sensibles » devra également être enregistrée. Cette mesure ne passe pas, mais alors vraiment pas, parmi les passionnés de pêche récréative.
La Commission européenne justifie cette démarche par une intention louable : « Lutter contre les pratiques illégales et protéger les ressources marines. » Pour préserver ces ressources, elle a souhaité évaluer l’impact de la pêche récréative sur les stocks de poissons. En France, acheter une carte est obligatoire pour la pêche en eau douce. En revanche, pour la pêche en mer, aucune obligation n’existe, et chacun est libre d’exercer son loisir, sous réserve de respecter la taille légale des captures. Certains en abusent, sans doute.
Les contrôles étant si rares en raison d’un manque de moyens humains, les pêcheurs ne risquent pas grand-chose. Pour la plupart d’entre eux, pêcher est avant tout un plaisir, avec l’ambition de passer un bon moment et, éventuellement, de rapporter un peu de poisson. Combien de pêcheurs récréatifs sont-ils ? « Sans doute autour de trois millions. Mais il est difficile d’évaluer précisément, certains ne sortant qu’une fois par an », explique Patrick Valdivia.
Comment les anciens vont-ils faire ?
En tant que guide de pêche au Canet-en-Roussillon, il s’oppose ouvertement à cette nouvelle application. « La pêche est un loisir populaire. À présent, on nous impose des normes. Je ne conteste pas celles qui sont utiles, mais celles-ci sont absurdes. » Co-fondateur du Collectif des pêcheurs récréatifs (Copere), il a déposé un recours et exprime sa colère. « Mon père a 90 ans. Que faire pour nos aînés ? Il n’y a aucune alternative. » D’autres partagent son avis. Sur les réseaux sociaux des adeptes de la pêche en mer, les messages hostiles à REC Fishing sont quotidiens. « Le but est de déranger les pêcheurs », déclare François-José. « Ne déclarons rien, pêchons pour le plaisir tout en respectant ce trésor qu’est la mer », ajoute Jean-François. Des messages de ce type se multiplient.

Au-delà de la désagréable impression de surveillance, les pêcheurs s’interrogent sur le fait que les autorités ne soient pas plus rigoureuses vis-à-vis de la pêche professionnelle, notamment contre les « bateaux-usines qui vident les océans ». « Les normes n’ont aucun impact si elles ne sont pas appliquées. En Méditerranée, nous devons déjà déclarer les prises de thon rouge. Mais qu’est-ce que ça a changé ? Quel est l’impact de notre pêche sur leurs populations ? Nous n’avons jamais reçu d’informations. À quoi bon avoir des données si elles restent inaccessibles ? C’est juste un moyen de restreindre l’accès des pêcheurs, sans pour autant freiner les braconniers », soutient Patrick Valdivia.
Pas de permis payant
Ce dernier s’étonne également de la liste des espèces soumises à déclaration. Il faudra identifier, mesurer et photographier chaque bar, chaque lieu jaune, chaque thon rouge, chaque dorade rose et chaque dorade coryphène capturés. « Mais il n’y a rien sur le maquereau, alors que nous savons que sa ressource s’affaiblit », poursuit le guide de pêche. Selon lui, de nombreux petits bateaux de plaisance ont été mis en vente depuis l’annonce de cette obligation. Bien que les pêcheurs se plaignent de cette application, ils peuvent néanmoins se consoler en considérant que ce dispositif leur a probablement évité la mise en place d’un permis payant.

