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L’attitude désastreuse du foot francais sur le brassard arc-en-ciel

Plusieurs joueurs de Toulouse, Nantes ou bien encore Guingamp ont refusé de jouer avec le maillot floqué arc-en-ciel en ce week-end de lutte contre l’homophobie dans le football, ravivant les polémiques suscitées l’an dernier déjà par Idrissa Gana Gueye.

« Il ne faut pas donner trop d’importance à ces choix individuels et ne pas oublier que plus de 400 joueurs ont joué le jeu sans aucun problème », explique à l’AFP Bertrand Lambert, membre du Panamboyz and Girlz United, une des associations avec laquelle la Ligue de football professionnel (LFP) travaille toute l’année. « C’est une réaction ultra-minoritaire, je voudrais saluer le fait que de nombreux supporters de Toulouse ont condamné clairement cette attitude sur Twitter », insiste-t-il.

L’immense majorité des joueurs de L1 et L2 ont joué avec les numéros aux couleurs du drapeau des fiertés LGBT pour cette campagne annuelle « Homos ou hétéros, on porte tous le même maillot ». Le club de Montpellier a même pour l’occasion inséré l’arc-en-ciel
dans son écusson, remplaçant ses traditionnelles bandes bleues et blanches.

Mais à Toulouse, a expliqué la direction du club dans un communiqué, « des joueurs de l’effectif professionnel ont exprimé leur désaccord » et n’ont pas voulu s’associer à cette opération, parmi lesquels Zakaria Aboukhlal.

« Une journée pas nécessaire », sérieusement ?

L’international marocain a expliqué en anglais sur Instagram qu’il « respecte tous les individus, quelles que soient leurs préférences, genre, religion », mais, ajoute-t-il, le « respect contient aussi celui pour mes propres croyances. Je ne pense pas être la personne la mieux placée pour participer à cette campagne, j’espère que ma décision sera respectée ».

Côté nantais, Mostafa Mohamed a lui aussi marqué son refus de participer à l’opération, a-t-on appris d’une source proche du club « canari ». L’Egyptien, a expliqué son entraîneur Pierre Aristouy « était tiraillé entre son envie de jouer et des problématiques plus lointaines. C’est une question sensible ». Samedi, le défenseur sénégalais de Guingamp Donatien Gomis avait aussi préféré déclarer forfait pour le match de Ligue 2 à Sochaux.

« Je m’attendais à pire », explique à l’AFP Yoann Lemaire, de l’association Foot Ensemble. « On a sous-estimé le problème, un grand nombre de joueurs ne souhaitent pas porter le maillot. »

Le Roy et Genesio hors sujets

Ces tuniques doivent ensuite être vendues aux enchères au profit des associations Foot Ensemble, Panamboyz & Girlz United et SOS Homophobie.

L’entraîneur brestois Eric Roy a lui déploré un timing « catastrophique ». « Ne le fais pas dans les quatre derniers matchs » quand les clubs jouent leur « survie », a-t-il dit après la victoire de Brest face à Auxerre dimanche après-midi.

« Il y a des joueurs à qui ça pose problème. Chacun est libre de ses opinions, personnellement, ça ne me pose pas de problème », a ajouté le technicien brestois. « C’est très bien que la Ligue s’engage, mais personnellement, je ne suis pas content qu’il y ait cinq joueurs qui ne jouent pas à Toulouse, qui affronte Nantes, qui se bat avec nous pour se maintenir. Est-ce que c’est équitable ? Non. »

Un discours hallucinant, presque autant que celui de Bruno Genesio, l’entraîneur de Rennes : « Chacun est libre de penser et faire ce qu’il veut. Je vous le dis on est contre toutes les formes de discriminations mais je ne suis pas certain que ce soit nécessaire de faire une journée contre l’homophobie. Je pense qu’on a tous conscience de ça et que ce n’est pas la peine de vouloir afficher tout le temps ».

Bertrand Lambert, du Panamboyz and Girlz United, rappelle que cette opération « n’a pas pour but de promouvoir l’homosexualité mais promouvoir un foot ouvert à tous, et de lutter contre l’homophobie, qui n’est pas une opinion en France mais un délit. Il faut bien comprendre qu’on ne demande pas à ces gens de devenir homosexuels ! »

Il souligne que son association comme d’autres interviennent « toute l’année auprès des joueurs et dans les centres de formation » et « salue le travail de la LFP ». Le responsable d’association « sent quand même que les choses petit à petit ont évolué. Avant on était un peu seuls à tirer le signal d’alarme, jusqu’au jour où des matchs ont été arrêtés, le problème qui était mis sous le tapis est devenu public ».