L’astéroïde YR4 n’est plus considéré comme une menace pour la Terre
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La planète bleue définitivement hors de portée de YR4. Ce lundi, l’astéroïde n’a plus que 0,005 % de chances de frapper la Terre le 22 décembre 2032, d’après la Nasa, 0,002 % d’après l’Agence spatiale européenne (ESA). Des probabilités qui permettent de considérer que YR4 « redevient un objet qui n’a aucun risque d’impact sur la Terre pour quelques siècles », affirme à 20 Minutes Patrick Michel, directeur de recherche au CNRS à l’observatoire de la Côte d’Azur, membre du comité de pilotage du Réseau international d’alerte aux astéroïdes (IAWN).
Depuis que l’alerte a été donnée, le 27 janvier dernier, quand le seuil de 1 % de risque fixé par l’IAWN a été franchi, la probabilité de collision avait progressivement augmenté, atteignant 3,1 % le 19 février. Une hausse qui n’avait pas inquiété les spécialistes, notamment car la trajectoire estimée de l’astéroïde, au moment de sa découverte, était très imprécise et présentait une large zone d’incertitude, équivalente à trois fois la distance Terre-Lune, qui englobait la Terre. Avec les observations de YR4 faites depuis la Terre pour affiner sa trajectoire, « on s’attendait à ce que le risque augmente un petit peu car, tant que la Terre est dans cette zone d’incertitude, si celle-ci se réduit, ça renforce la probabilité d’impact sur notre planète, puisqu’elle prend plus de place dans cette zone », explique Patrick Michel.
Une baisse progressive du risque
La baisse du risque, bien qu’impossible à garantir, était elle aussi attendue, car « on sait en général comment ce genre de choses évoluent » et « c’est ce qu’on avait extrapolé sur la base des incertitudes qu’on avait lorsqu’on a découvert l’astéroïde », indique l’expert. Comme anticipé, les probabilités d’impact ont commencé à baisser après le 19 février, quand « la Terre a commencé à glisser sur le côté de la zone d’incertitude, de plus en plus après chaque nouvelle observation ».
La probabilité avait ainsi progressivement diminué ces derniers jours, jusqu’à tomber sous 1 % et frôler le 0. « On [le comité de pilotage de l’IAWN] s’est réunis le 23 février et on va envoyer une dernière notification au Comité d’utilisation pacifique de l’espace pour dire que la probabilité est descendue à 0,005 % et qu’il n’y a aucun risque d’impact », raconte notre expert. Le risque de collision est donc définitivement écarté car les probabilités ne peuvent pas repartir à la hausse, les nouveaux chiffres résultant de la réduction de la zone d’incertitude.
La surveillance continue
Les observations de YR4 continuent tout de même, notamment celles du télescope spatial James Webb, prévues en mars pour déterminer sa taille, estimée entre 40 et 90 mètres de diamètre. Selon Patrick Michel, elles permettent « de faire un exercice avec le télescope, au cas où on soit de nouveau soumis à une situation similaire à l’avenir ». D’autant que cet épisode aura, d’après le planétologue, « démontré qu’on était très réactifs et efficaces pour, une fois qu’un certain seuil de risque est atteint, vérifier le plus rapidement possible ce qu’il en est pour pouvoir éliminer un problème ».
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L’astéroïde reste quoi qu’il arrive sous surveillance, non plus en tant qu’objet menaçant mais au même titre que tous les autres à proximité de la Terre. « La défense planétaire est active tous les jours et tous les jours, les probabilités d’impact de tous les objets sont revues au fur et à mesure qu’on a de nouvelles données. Il y a une surveillance continue, ce qui n’était pas le cas il y a plusieurs décennies », salue le spécialiste. On peut désormais dormir tranquille…