France

L’Assemblée penchée sur la prévention des incendies avant un été risqué

En 2022, des feux de forêt gigantesques ont marqué les esprits et les espaces arborés de France. A l’approche d’un nouvel été à haut risque, les députés se penchent ce lundi sur une batterie de mesure afin de mieux prévenir les incendies. Un débat crucial alors que le réchauffement climatique assèche les sols et la végétation, augmentant le risque d’un embrasement.

La proposition de loi, déjà adoptée en première lecture à l’unanimité par le Sénat, sera débattue à partir de 16 heures et jusqu’à mercredi à l’Assemblée. Elle a passé sans difficultés le cap de l’examen en commission, dans un climat consensuel malgré des réserves de la gauche. Après un été 2022 éprouvant sur le front des feux de forêt en France, les Pyrénées-Orientales ont déjà été le théâtre mi-avril du premier grand incendie de cette année dans le pays, avec des flammes qui ont parcouru environ 1.000 hectares.

Les forêts de France de plus en plus exposées

Le réchauffement climatique, avec la hausse des sécheresses graves, « augmentera globalement de 50 % l’exposition des forêts françaises au risque de feux de forêt d’ici 2050 », a souligné en commission la députée Renaissance Sophie Panonacle, l’une des rapporteurs du texte. Face à la multiplication des feux « hors norme », touchant parfois des zones jusqu’ici épargnées, la proposition de loi initiée par des sénateurs LR et centristes jette les bases d’une « stratégie nationale », associant tous les acteurs concernés et incluant les espaces agricoles.

Le texte veut aussi « mieux réguler les interfaces entre forêts » et zones urbaines et sensibiliser davantage la population. Parmi les mesures prévues, le Sénat a renforcé les obligations légales de débroussaillement pour les propriétaires de terrains proches de forêts, avec des sanctions accrues en cas de manquements, encore alourdies par les députés en commission.

Les mégots surveillés

Une autre disposition conditionne la vente d’un terrain au respect de ces obligations, dont acquéreurs et locataires devront être mieux informés. Une autorisation de recourir à des drones pour le contrôle de ces débroussaillements par les collectivités a été ajoutée lors de l’examen en commission par les députés.

Face aux nombreux feux provoqués par des mégots, le texte consacre au niveau législatif l’interdiction de fumer dans les bois ou forêts les plus exposés au risque d’incendie, et jusqu’à 200 mètres de ces zones, lors de « périodes à risque ». Et le jet de mégot est explicitement inclus parmi les causes d’incendie involontaire sanctionnables pénalement. Un article inscrit dans le droit la possibilité pour le préfet d’interdire certains travaux agricoles en cas de forts risques d’incendies, avec une indemnisation le cas échéant.

Des moyens pour lutter contre le feu

En 2022, « 72.000 hectares dont 60.000 hectares de forêts sont partis en fumée » en France, a rappelé fin avril le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu, en annonçant la diffusion à partir de juin par Météo-France d’une nouvelle « Météo des forêts » pour alerter la population sur le risque d’incendie.

Le gouvernement a également annoncé en avril le renforcement des moyens contre les feux, avec neuf avions et hélicoptères bombardiers d’eau supplémentaires mobilisés en 2023, portant le nombre d’appareils de 38 à 47, ainsi que près de 500 sapeurs-pompiers supplémentaires.