L’armée française s’apprête à intégrer l’arme laser Syderal.
L’armement laser suscite un intérêt croissant parmi les nations, notamment les États-Unis et la Chine, qui développent rapidement des systèmes intégrés à la défense aérienne et à la lutte contre les drones. En France, la Direction générale de l’armement a récemment lancé un projet ambitieux avec le démonstrateur Syderal, visant à évaluer l’utilisation de cette technologie pour améliorer la défense nationale d’ici 2030.
L’arme laser pourrait-elle devenir un instrument décisif dans la défense aérienne, particulièrement dans la lutte contre les drones ? La rapidité avec laquelle de nombreux pays, notamment les États-Unis et la Chine, avancent dans ce domaine suggère que cet outil sera bientôt omniprésent dans divers systèmes de défense. Récemment, la Chine a présenté son laser Ly-1 lors d’un impressionnant défilé militaire.
Quelle est la situation de la France dans ce secteur ? La Direction générale de l’armement (DGA) a annoncé avoir commandé à un consortium industriel le développement d’un démonstrateur pour un système d’arme laser à haute puissance, dénommé Syderal (Système laser de défense de nouvelle génération). Ce projet, axé sur la lutte anti-drones ainsi que sur la défense aérienne à courte portée, a été révélé par le ministère des Armées le 4 septembre.
** »Un changement d’échelle avec ce démonstrateur »**
D’une puissance de plusieurs dizaines de kilowatts, le démonstrateur Syderal permettra d’évaluer l’efficacité des armes laser dans la neutralisation de drones tactiques, de roquettes, d’obus de mortier et de munitions télécommandées, dans l’optique d’équiper les forces armées d’ici 2030, précise le ministère.
Ce projet est soutenu par un consortium comprenant MBDA, leader européen des missiles, ainsi que Safran Electronics and Defense, Thales, et Cilas. Cette dernière, une start-up d’Orléans, a déjà créé une première arme laser, le Helma-P, que nous avons pu découvrir lors du salon des Forces spéciales Sofins en avril. Ce laser de 2 kW, utilisé pour protéger l’espace aérien de Paris durant les JO de 2024, vise à neutraliser des cibles jusqu’à un kilomètre.
« Nous franchissons un cap avec ce démonstrateur en visant des distances de plusieurs kilomètres, » explique la responsable développement chez MBDA, en ajoutant que l’objectif inclut également de s’attaquer à plus gros drones et mortiers.
** »Évitez l’idée de batailles de lasers à la Star Wars »**
À quoi ressemble une arme laser ? « Ne vous attendez pas à voir des batailles de lasers colorés comme dans Star Wars, » avertit avec humour la spécialiste de MBDA. « Un laser n’est pas visible. » L’objectif de ce démonstrateur est de combiner plusieurs forces laser et de concentrer le faisceau pour maximiser son efficacité sur la cible.
La société Cilas sera principalement responsable de cette intégration, tandis que Safran s’occupera de la conception de la tourelle, Thales se chargera du système de ciblage, et MBDA agira comme intégrateur du système.
** »Une arme d’appoint »**
Depuis plus de dix ans, MBDA investit dans les systèmes d’arme à énergie dirigée (AED), le laser inclus. « Pour nous, c’est un complément aux systèmes classiques, apportant des solutions simples et à bas coût face à de nouvelles menaces, surtout dans la lutte anti-drones, » souligne la responsable.
Elle rappelle qu’un missile Aster coûte environ un million d’euros, tandis qu’un drone, tel qu’un Shahed, ne vaut que 20 000 euros. « Avec le laser, le rapport coûts cibles/couts tir devient beaucoup plus avantageux. Cependant, nous ne le considérons pas comme un remplacement, mais comme un ajout. »
Un autre atout du laser est qu’une fois le système développé, il peut être utilisé à volonté et reste discret. Cependant, selon le Centre français de recherche sur le renseignement, les lasers, comme tous les systèmes optiques, sont sensibles aux conditions météorologiques.
**Vers une « industrie souveraine pour la France » ?**
Le démonstrateur, conçu pour être relativement compact tout en étant puissant, pèse tout de même plusieurs centaines de kilos, ce qui limite sa mobilité. « Les premiers porteurs envisagés seront de grands navires de la marine nationale ou des véhicules terrestres, » ajoutent les responsables de MBDA.
Derrière ce démonstrateur, l’entreprise aspire à développer une « industrie souveraine pour la France. » MBDA a plusieurs initiatives sur les armes laser, non seulement en France, mais aussi en Allemagne, en Angleterre et en Italie, et participe à des projets européens. De plus, elle a développé le « Sky Warden, » un système antidrones intégrant un effecteur laser conçu par Cilas.
« Ce système complet permet l’identification, la détection et la neutralisation des menaces de drones, avec différents capteurs et effecteurs adaptés selon le niveau de menace, » détaille un représentant de MBDA. Des discussions sont actuellement en cours en vue de sa commercialisation.

