L’argent de poche des ados : entre 10 et 250 euros malgré la crise.
En 2025, les adolescents français reçoivent en moyenne 26 euros par mois, avec une baisse de 3 euros par rapport à l’année précédente. Dans le Grand-Est, la moyenne d’argent de poche est de 27 euros par mois, tandis qu’en Corse, elle atteint 38 euros.

« Ce n’est pas fou, mais 30 euros par mois d’argent de poche, cela suffit tout de même », confie Lise, élève en première dans un lycée public au centre de Strasbourg. Théo, en terminale dans le même établissement, ressent déjà « son entrée dans la vie économique » avec ses « 40 euros » par mois. Un sentiment de précarité l’accompagne, qu’il compense par des initiatives, comme vendre ses affaires sur des sites Internet pour avoir un peu plus d’argent. Pas d’augmentation en tout cas pour Théo ou Manon. En 2025, les adolescents français reçoivent-ils plus d’argent de poche pour faire face à l’inflation ?
Pas vraiment, loin de là. Selon le baromètre 2025 du Teenage Lab de Pixpay, une start-up spécialisée dans les cartes de paiement pour adolescents, les jeunes français reçoivent en 2025 en moyenne 26 euros par mois, soit une baisse de 3 euros en un an, représentant une diminution de 10 %. Concernant les « petites tâches rémunérées » comme le jardinage, la vaisselle, le lavage de voiture ou le baby-sitting, qui constituent parfois un complément d’argent de poche, les jeunes français subissent une baisse de 24 %, indique Teenage Lab.
Dans la région Grand-Est, les adolescents touchent en moyenne un peu plus, soit 27 euros par mois, même si l’écart reste considérable selon la situation des adolescents rencontrés à Strasbourg. Cependant, c’est en Corse qu’ils sont le mieux lotis, avec 38 euros par mois, tandis que la Bretagne se situe en bas de l’échelle avec 24 euros.
Pas d’augmentation cette année
Il existe souvent une différence entre la somme d’argent de poche attribuée aux collégiens et aux lycéens. Les collégiens reçoivent en moyenne environ 20 euros par mois. À Strasbourg, les lycéens reçoivent généralement autour de 30 euros par mois. Paul, par exemple, perçoit entre 20 et 30 euros, versés « dès le début du mois ». D’autres, comme Martin, ne reçoivent de l’argent que pour Noël et leur anniversaire, devant se débrouiller autrement.
« Mon père me donne un peu plus, mais souvent en espèces », explique Manon, élève en première. Une autre Manon, également scolarisée dans le même lycée, touche 10 euros par mois, mais ses parents lui fournissent tous ses repas. Judith reçoit 20 euros par semaine mais doit parfois trouver une solution pour se nourrir. Avec 30 euros par semaine, Ely « s’en sort bien, je peux sortir boire un verre avec des amis, faire de petits cadeaux pour les anniversaires… C’est juste la crise en décembre ».
Beaucoup n’ont rien du tout
Devant le même lycée public, un petit groupe d’amis n’a pas les mêmes moyens. Parmi ces six garçons de première, seul Erwan reçoit de l’argent de poche, soit 30 euros par mois. Killian n’a rien. « Je ne fais rien, je ne m’achète rien. » Ses camarades, dans la même situation, acquiescent. Gabriel, quant à lui, dispose de tickets restaurant de ses parents, tandis que Paul, en terminale, ne reçoit pas ses 50 euros à date fixe, contrairement à 58 % des adolescents qui perçoivent un versement régulier selon Teenage Lab.
Le contraste entre les élèves des établissements privés et publics du centre-ville est frappant. Inscrit dans le privé, Quentin reçoit 250 euros par mois, mais « doit tout gérer : ses repas, environ 120 euros, ses vêtements, le coiffeur 30 euros par mois… » Et s’il « manque » d’argent, ses parents ne lui donnent rien de plus, lui laissant « gérer » ses dépenses.
Sébastien, également dans le privé, reçoit 150 euros, tandis que les filles, comme Anna, fluctuent entre 250 et 300 euros par mois. Une autre élève mentionne même 400 euros, « mais en comptant les repas », précise-t-elle. « On a eu une grosse augmentation en arrivant au lycée, c’est normal : on est en centre-ville, on sort plus, on dépense plus », note une autre jeune fille. Dans un autre établissement privé du centre, l’argent de poche est généralement limité à environ 100 euros par mois. Sacha, en terminale, reçoit 150 euros mais a un petit job à côté et se dit « tranquille ». Hugo, quant à lui, touche 100 euros et utilise également les tickets restaurant de son père. « Quand je dépasse, mes parents complètent de toute façon. »
Un père de famille explique donner le même montant à ses deux fils, l’un au collège et l’autre au lycée, soit 100 euros par mois chacun. « C’est suffisant même si c’est vrai qu’ils ont déjà une petite vie sociale bien remplie, sourit-il, surtout entre midi et deux ou après les cours. Tant qu’on peut, on le fait… pour qu’ils ne soient pas mis de côté pour partager un repas avec des amis, mais nous n’avons pas augmenté, donc ils doivent faire plus attention cette année. »
Dans un lycée public en périphérie de Strasbourg, les élèves rencontrés reçoivent moins d’argent de poche ou pas du tout, comme Théo, Amélie, Aïcha, Kamel et Gabriel. Leurs parents prennent en charge l’essentiel : nourriture, transport et recharge souvent leur carte de paiement, mais seulement « quand c’est nécessaire ». Malek, qui se considère « plus chanceux », reçoit 80 euros par mois (30 euros lorsqu’il était au collège). Pour Inès, c’est entre 90 et 100 euros par mois, mais de manière « un peu irrégulière ».
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Derrière chaque euro donné à un enfant se trouve une mère. Selon l’étude Teenage Lab de Pixpay, 75 % des mères gèrent l’argent de poche. Les pères contribuent moins souvent, mais avec des montants plus élevés (29 euros contre 25 euros). Fathia, dont le fils est en première, déclare : « On n’a pas diminué l’argent de poche, mais on n’a pas augmenté non plus. Il a 30 euros, ça lui apprend à gérer. Et s’il a besoin, on rajoute quand c’est possible, mais on en discute d’abord, on doit faire attention. Mais vu que tout augmente, cela revient, c’est vrai, à une baisse pour eux. »

