France

Landes : Le projet de vague artificielle à Castets fait naufrage

Mais où est passé le projet de vague artificielle de Castets ? Évoqué depuis 2018, celui-ci devait donner naissance au « premier parc de surf de l’Union européenne, début 2024 ». Le projet était simple, mais ambitieux : la création d’un bassin de 27.000 m3 d’eau combiné à un mécanisme de propulsion afin de créer jusqu’à 900 vagues par heure. Le tout entouré d’aires de sports de plein air et d’un surf camp (camping haut de gamme). De quoi faire saliver les nombreux pratiquants de la région.

Mais rapidement le projet pose question et s’attire les foudres de nombreuses associations qui lancent une pétition qui recueillera jusqu’à 20.000 signataires en l’espace d’une semaine. Aujourd’hui, force est de constater que celui-ci devrait, à minima, ne pas respecter ses délais. « Pour moi ce projet est mort, il n’existe plus », lance Jacques Lajuncomme, président de la Fédération Française de Surf.

Une piscine à vagues à moins de 25 km de l’océan

Si celui-ci n’a pas répondu aux sollicitations de 20 Minutes, dans un article de Sud-Ouest Norbert Ducrot évoque une « impossibilité, pour l’instant » de réaliser celui-ci. Jacques Lajuncomme est plus pessimiste : « D’abord, je m’interroge sur l’intérêt d’une vague artificielle à Castets, à quelques kilomètres de l’océan et des plages des Landes. Je comprends qu’on puisse se dire que c’est une région qui concentre beaucoup de pratiquants, mais un grand nombre d’entre eux surfent déjà dans l’océan et un certain nombre n’aura pas les moyens de se payer des séances en vagues artificielles. »

Élu président de la Fédération en 2021, il se défend d’avoir fait « volte-face » et reconnaît « l’intérêt sportif » de telles structures, même s’il n’est prêt à défendre ces projets « à n’importe quel prix ». « Notre démarche a été très transparente, explique le Dacquois. On a demandé à Norbert Ducrot de nous fournir une étude d’impact environnemental et un plan d’incidence Natura2000. » En effet, à moins de 100 mètres du lieu choisi pour la construction se trouve un ruisseau classé Natura 2000 et deux espèces protégées : le lézard à deux bandes et la fauvette pitchou.

Or, Jacques Lajuncomme explique ne pas avoir reçu les « garanties nécessaires » de la part du porteur de projet. « Il n’y avait tout simplement rien, ça se limitait à une simple page. On voyait marqué « la première vague écolo du monde », mais c’est comme si je disais que j’étais le « meilleur président de fédération ». Cela ne veut rien dire. »

« C’est un défaut d’urbanisme »

En plus des questions environnementales, la construction du wave park de Castets pose des questions sur sa légitimité et son respect du Plan Local de l’Urbanisme de la commune landaise. En effet, selon Steve Lebel, le projet porté par Norbert Ducrot ne répondrait pas aux conditions du plan d’aménagement du territoire.

« Dans ces parcelles, le plan local d’urbanisme accepte les activités commerciales, industrielles, d’hébergements hôteliers, de bureaux, d’entrepôts, énumère le membre de Synapse Crew Europe. Mais il n’est pas indiqué qu’on puisse faire une zone loisir et sportive sur cet espace. Alors, ils n’ont pas le droit de construire, c’est un défaut d’urbanisme. Ils auraient dû changer le PLU ou alors le maire aurait dû orienter le porteur du projet vers une autre parcelle. »

Contactée, la mairie de Castets n’a pas donné suite à nos sollicitations, mais 20 Minutes a pu consulter le PLU de la mairie de Castets. La possibilité de construire une zone loisir et sportive n’apparaît pas dans celui-ci.

La Chine comme étrier ?

Steven Lebel ajoute : « La vérité c’est qu’on a un homme qui est seul, on l’a bien vu sur le projet, tout le monde s’en allait. Il n’a jamais réussi à boucler le financement. Pas à cause du Covid, mais parce que, en France, les investisseurs sont de plus en plus regardants sur l’impact environnemental de ce qu’ils financent. »

Alors, Norbert Ducrot a affirmé se tourner désormais vers la Chine pour faire sortir de terre quatre projets de piscines à vagues artificielles. Mais là encore, Steven Lebel semble avoir du mal à croire l’ex « super-commercial » d’Airbus Helicopters : « Concrètement, son idée est d’utiliser la Chine comme tremplin pour attirer ensuite des investissements pour Castets. Nous sommes en contact régulièrement avec les industriels qui nous disent qu’ils ne veulent pas y aller. Alors, même s’ils vont y être obligés par le droit du commerce, ils n’ont pas envie de se faire voler leur technologie. » En attendant, les surfeurs de Nouvelle-Aquitaine pourront toujours traverser les dunes pour se jeter à l’eau.