France

La sincérité de Clair Obscur : Expedition 33 crée une résonance unique, selon Guillaume Broche.

Clair Obscur : Expedition 33 a remporté le prix de « GOTY », Game of the year ou jeu de l’année, lors des Game Awards. Le développement du jeu a bénéficié de plusieurs dizaines de milliers d’euros grâce au Fonds d’aide au jeu vidéo et à une aide de la région Occitanie.


Tout le secteur anticipait ce moment : *Clair Obscur : Expedition 33* a remporté aux Game Awards le très recherché titre de « GOTY », ou jeu de l’année. Ce prix récompense une année durant laquelle le jeu de rôle français a suscité beaucoup d’attention.

Quelques jours avant de se rendre à la cérémonie à Los Angeles, *20 Minutes* a eu l’occasion de s’entretenir avec Guillaume Broche pour discuter de la création française dans l’univers des jeux vidéo.

### Pourquoi l’univers très français de *Clair Obscur : Expedition 33* fonctionne à l’étranger ?

C’est même exotique, même pour les Français. Tout d’abord, il y a peu de jeux qui s’inspirent de la Belle Époque de cette manière. Le faire avec humour, sans un esprit patriote, permet d’inviter les gens à s’amuser avec notre culture.

### Le jeu vidéo français est-il à son meilleur niveau aujourd’hui ?

Je ne sais pas si on peut dire que c’est particulièrement le cas aujourd’hui. Il a toujours existé une forte appétence pour la narration dans les jeux français, comme en témoignent les productions de DontNod (*Life is Strange*), Quantic Dreams (*Heavy Rain, Detroit Become Human*), ou d’Arkane (*Deathloop, Dishonored*). Nous avons un véritable attachement à la direction artistique dans les jeux.

### Cette année, plusieurs jeux français sont nommés aux Game Awards. Lesquels avez-vous préférés ?

Je citerais *Absolum* et *Shinobi*. En ce moment, je joue beaucoup à *Absolum* avec mon grand frère. J’ai également apprécié *Roboquest*.

### Qu’est-ce qui a été possible grâce au fait de développer *Clair Obscur : Expedition 33* en France ?

Grâce à la France, nous avons pu bénéficier de nombreuses aides, notamment du Fonds d’aide au jeu vidéo et d’une aide de la région Occitanie. Cela représente plusieurs dizaines de milliers d’euros, ce qui nous a permis de mieux aborder le développement du jeu. Surtout que nous avons constitué l’équipe à trois.

### Pour vous, la France est-elle le meilleur pays pour faire du jeu vidéo ?

Cela dépend du domaine. En matière de formation, par exemple, il manque des animateurs spécialisés en jeux vidéo. Pendant le développement, nous avons rencontré beaucoup de difficultés liées à cet aspect, que nous avons finalement dû résoudre en Corée. C’est pareil pour des domaines comme les VFX (effets spéciaux) ou le technical art (l’interface entre les équipes artistiques et celles de programmation ou d’optimisation des performances). De nombreuses personnes se forment au game design ou aux métiers artistiques, mais il n’y a pas assez de studios en France pour accueillir tout le monde. Néanmoins, l’un des avantages d’une équipe jeune, c’est que les membres n’ont pas hésité à apprendre sur le tas, ce qui nous a permis d’explorer de nombreuses façons de travailler.

### Le public a beaucoup salué la qualité du jeu, malgré la taille réduite de l’équipe. Avez-vous peur que cela soit un frein pour sortir rapidement une extension ou une suite ?

Si le jeu a rencontré un tel succès, c’est grâce à la résonance qu’il a eue avec le public et à son côté sincère. Si cela fonctionne de cette manière, pourquoi changer ? Ce n’est pas une source d’inquiétude pour nous, et nous préférons sortir un produit de qualité plutôt que de nous précipiter.