France

La réindustrialisation de la France s’essouffle après deux belles années.

Selon le baromètre de la Direction générale des entreprises (DGE) publié jeudi, le solde net entre ouvertures et agrandissements d’usines d’une part, et fermetures ou réductions d’effectifs d’autre part, n’atteint que + 9 sur les six premiers mois de 2025. La secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, évoque « plus de 300.000 emplois menacés » et « 444 plans sociaux depuis les élections européennes de juin 2024 ».


Après deux années de développement prometteur, la relance de l’industrie française montre des signes d’essoufflement. D’après le baromètre de la Direction générale des entreprises (DGE) publié jeudi, le solde net entre ouvertures et agrandissements d’usines, d’une part, et fermetures ou réductions d’effectifs, d’autre part, atteint seulement + 9 pour les six premiers mois de 2025. Ce chiffre marque une chute significative par rapport aux + 48 du second semestre 2024, illustrant un ralentissement qui semble désormais bien établi.

Le ministère de l’Économie reconnaît qu’« après des tendances très positives observées en 2022 et 2023, 2024 a marqué un ralentissement de la dynamique de réindustrialisation », une tendance qui perdure en 2025. Ce coup de frein survient alors que le gouvernement a fait de la reconquête industrielle une priorité nationale, après des décennies de déclin : la part de l’industrie dans le PIB est tombée à environ 10 %, contre 17 % en 1995.

### Une inquiétante perte de vitesse

Les politiques successives d’Emmanuel Macron avaient pour but d’inverser cette tendance par le biais de l’investissement, de l’innovation et de la relocalisation de la production. Cependant, les signaux récents révèlent un ralentissement dans la création de nouveaux sites et la transformation des usines existantes, malgré les efforts de financement public et les aides ciblées vers les filières stratégiques.

Le ministre délégué à l’Industrie, Sébastien Martin, affiche néanmoins une détermination certaine : « On s’est fixé un cap très clair : maintenir l’industrie dans ce pays et aller se battre auprès de l’Union européenne, parce qu’il est temps de sortir de la naïveté sur certains sujets, notamment la concurrence internationale asiatique. » Il appelle à une réponse européenne coordonnée pour protéger les filières émergentes, en particulier celles liées aux véhicules électriques et aux énergies nouvelles.

### Plus de fermetures que d’ouvertures d’usines

Selon le cabinet Trendeo, la situation se dégrade également selon ses propres relevés : le solde entre ouvertures et fermetures d’usines est redevenu négatif depuis la fin de 2024, avec 25 sites perdus au premier semestre 2025. L’organisme met en lumière une triple fragilité : la concurrence asiatique, la pression sur les industries traditionnelles et l’incertitude politique qui pèse sur les décisions d’investissement à long terme.

Du côté syndical, la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, évoque un « moment de désindustrialisation massive », en mentionnant « plus de 300.000 emplois menacés » et « 444 plans sociaux depuis les élections européennes de juin 2024 ». Pour elle, « c’est juste le petit bout de l’iceberg », un constat alarmant qui relance le débat sur la politique de l’offre et la stratégie industrielle du gouvernement.