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« La réalité surprenante de l’usine des batteries de la R5 électrique »

La France compte plusieurs usines de batteries pour voitures électriques, mais les salariés français ne sont pas tout à fait indépendants. La firme AESC prévoit de faire fonctionner son usine à plein régime dès la fin du premier trimestre 2026, avec 150 000 à 200 000 véhicules électriques qui devraient être équipés de ses batteries produites en France.

Alors que la France abrite plusieurs usines de batteries pour voitures électriques, les salariés français ne sont pas complètement autonomes. De nombreux experts chinois sont présents pour les accompagner, et cette cohabitation est parfois compliquée.

La Chine continue à dominer largement l’industrie des batteries de voitures électriques. Les deux grandes entreprises CATL et BYD détiennent ensemble plus de la moitié du marché mondial. Cette situation ne réjouit pas l’Union Européenne, qui souhaite désormais encourager la production d’accumulateurs sur son territoire. Cependant, cela s’avère difficile.

Des experts indispensables

Certaines entreprises se lancent malgré tout. C’est le cas de la société française ACC (Automotive Cell Company), fondée par Stellantis et TotalEnergies. Bien qu’elle possède une usine dans le nord de la France, l’aventure n’a pas été facile. Les débuts ont été assez désordonnés, et les cellules utilisées dans la DS N°8 ne sont pas encore complètement achevées. En réalité, la région Hauts-de-France attire de nombreuses entreprises spécialisées dans ce domaine.

Il en va de même pour la société française Verkor, établie à Dunkerque, et pour la firme japonaise AESC, située près de Douai. Celle-ci est désormais majoritairement détenue par l’entreprise chinoise Envision, qui produit des batteries en Asie depuis plus de 15 ans. Autant dire qu’elle maîtrise son sujet, comme le souligne France 24. Elle a dépêché 150 experts chinois et japonais sur place pour encadrer les « environ 800 salariés locaux ».

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Batterie Mercedes CLA, pour illustration

Ayumi Kurose, directeur des opérations d’AESC France, explique que ces experts sont en effet spécialisés dans le « contrôle par vision industrielle ou des techniques de soudure particulièrement avancées ». Ils peuvent former les employés français, mais leur présence est temporaire. Le directeur précise qu’ils viennent seulement « entre six mois et deux ans », le temps de transmettre leur savoir-faire. Car beaucoup ne possèdent aucune expérience dans le domaine de la fabrication de batteries.

Ericka Redjimi, 39 ans, confirme cela. Arrivée dans l’entreprise nippone en mai 2025, elle était auparavant vendeuse de vêtements sur les marchés. Elle avoue que la présence des experts est très importante pour elle. « J’ai encore besoin d’eux, beaucoup moins qu’au début. C’est rassurant qu’ils soient encore là ». Toutefois, la communication n’est pas toujours aisée, Google Traduction est parfois nécessaire. Cela rappelle la situation chez Northvolt, qui a finalement fait faillite.

De grandes ambitions

Il est clair que les experts asiatiques dépêchés sur place seront bientôt amenés à partir. C’est ce que laisse entendre He Xiaoming, un ingénieur chinois d’AESC de 36 ans. Il déclare au sujet des employés français qu’« une fois qu’ils auront acquis le savoir-faire, ils iront assez vite, je leur fais confiance ». L’objectif de cette démarche est à la fois de former le personnel et d’apprendre à utiliser les machines, fabriquées en Chine.

Les ambitions de ces entreprises sont considérables. AESC prévoit de faire fonctionner son usine à plein régime d’ici la fin du premier trimestre 2026. À cette date, entre 150 000 et 200 000 véhicules électriques devraient être équipés de ses batteries produites en France. L’entreprise assemble notamment des accumulateurs pour les Renault 5 et R4 ainsi que pour la nouvelle Nissan Micra. Les objectifs sont similaires chez ACC, qui souhaite augmenter sa production.

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Yann Vincent, son directeur général, indique que « ce que l’on produit actuellement par jour, c’est ce que l’on produisait par mois au début de cette année ». Si la présence temporaire des experts asiatiques ne semble pas susciter de remous, la nouvelle stratégie de CATL fait davantage de bruit. L’entreprise envisage d’envoyer plusieurs milliers d’employés chinois pour ériger son usine en Espagne, provoquant de vives inquiétudes, d’autant plus que la société a été placée sur la liste noire du Pentagone.