La parentalité reste un frein pour la carrière des femmes

L’égalité femmes hommes ne se joue pas uniquement en entreprise, mais également à domicile. Face à la parentalité, le poids repose très largement sur les épaules des femmes. Depuis quelques années, les rapports de la DRESS (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) ou de l’APEC (association pour l’emploi des cadres) sont unanimes. Malgré des progrès en matière d’égalité, « la charge mentale pèse encore massivement sur les mères », observe Marine Desandre, cofondatrice des Parents Zens, un réseau de crèches accompagnant les entreprises et les salariés sur les questions de parentalité. « Quand ce sont les pères qui nous contactent pour de l’aide, c’est que la situation est souvent vraiment compliquée », ironise-t-elle.
La vie parentale n’est pas sans conséquence sur leur parcours professionnel. Selon l’INSEE, le taux d’emploi des mères d’enfant de moins de trois ans chute jusqu’à 65 %. Chez les pères, à 90 %. « La santé mentale des parents, surtout des mères, est en souffrance », constate Marine Desandre. « On observe que lorsque les couples ont 3 enfants ou plus, les femmes arrêtent de travailler pour plus de 40 % d’entre elles. Entre parentalité, fatigue et pression professionnelle, il faut des solutions concrètes. »
Une bonne politique parentalité
Selon une enquête des Parents Zens publiée en 2023, plus de huit salariés parents sur dix seraient prêts à changer d’entreprise si leur nouvel employeur leur garantissait une meilleure politique parentalité. Nul doute que les entreprises ont une carte à jouer. Pour Marine Desandre, la mise en place d’une bonne politique parentalité passe par une culture d’entreprise qui soutient les concernés : « ça passe par le respect d’un équilibre pro-perso, des avantages concrets et une vraie culture d’entreprise qui soutient les parents. »
En attendant, ce sont les femmes qui paient l’addition. Selon le baromètre de la charge mentale des femmes salariées de l’Ifop publié en décembre 2024, le suivi de l’éducation des enfants et la gestion du calendrier familial représentent une source de charge mentale importante pour plus de 70 % des mères interrogées. « Depuis le Covid et l’arrivée télétravail, on voit plus de pères en sortie de crèche. C’est un bon signe, mais encore loin d’être suffisant », observe la cofondatrice des Parents Zens.
Les micro crèches en sous-effectif
Pierre angulaire dans la garde et l’éducation des enfants en bas âge, les micro crèches privées grincent des dents. En cause, un décret les obligeant à recruter 40 % de professionnels diplômés d’un bac +2 minimum. Ce projet gouvernemental renforce les contrôles et les qualifications requises et met sur le carreau les détenteurs de CAP, qui représentent dans certains réseaux la majorité des professionnels de la petite enfance. Forcément, les puériculteurs – composé à 90 % de puéricultrices – n’accueillent pas la nouvelle d’un bon œil.
Des milliers d’offres d’emploi en un clic
Les micro crèches ont lancé l’opération « crèches mortes » le 3 janvier dernier : une fermeture anticipée pour tous les établissements à 16h30, en signe de protestation. « En 2026, beaucoup de diplômes ne seront plus des reconnus. On peine déjà à recruter, et on nous complique encore plus la tâche », déplore Marine Desandre. Autant dire que laisser planer l’ombre du sous-effectif sur ces structures – qui représentent plus de 80.000 places dans le pays – ne risque pas de faire souffler un vent d’optimisme.