France

La liaison électrique sous-marine de la façade Atlantique Gila, nouveau projet sous tension ?

Une double liaison électrique, essentiellement sous-marine, de 320.000 volts en courant continu, créée sur 400 kilomètres le long de la façade atlantique. Un budget de quatre milliards d’euros. Le projet Gila (Gironde-Loire-Atlantique) est tout bonnement « le plus gros projet de RTE (Réseau de Transport d’Électricité) en cours » assure Alexandre Irle.

La double liaison électrique raccorderait un poste au nord de la Gironde, à un poste en Loire-Atlantique, en passant essentiellement au fond de l'océan.
La double liaison électrique raccorderait un poste au nord de la Gironde, à un poste en Loire-Atlantique, en passant essentiellement au fond de l’océan. - RTE

Le responsable du projet chez RTE explique que Gila, qui doit être mis en service d’ici à 2034, « vise à la fois à renforcer le réseau très haute tension sur la façade atlantique et à accompagner le développement des parcs éoliens marins, avec un système qui permettra de raccorder ces parcs. »

Contourner une partie du parc naturel marin de l’estuaire de la Gironde

L’annonce de ce projet résonne évidemment avec une autre liaison électrique à très haute tension, celle entre la France et l’Espagne, dont la construction a démarré entre les postes électriques de Cubnezais, près de Bordeaux, et de Gatika, près de Bilbao. Réalisée essentiellement en sous-marin, et longue de 400 km également, elle ressemble en de nombreux points au projet Gila.

Ce dernier fera-t-il l’objet d’autant de controverses ? La liaison franco-espagnole est en effet pointée du doigt par des associations environnementales et des habitants, notamment dans les Landes, qui dénoncent la partie du tracé souterraine, passant selon eux trop près des habitations et menaçant l’environnement autour des dunes et des plages.

Le projet Gila partira de son côté de postes électriques existants (Braud, Marquis ou Cubnezais en Gironde, jusqu’à Cordemais en Loire-Atlantique). « Nous avons eu des demandes d’associations d’exclure de l’aire d’étude du projet une partie du parc naturel marin de l’estuaire de la Gironde et de la mer des Pertuis, concession que l’on a acceptée », relève Alexandre Irle.

Après avoir été validé par le ministre en charge de l’Énergie, il est entré en phase de concertation, confiée au préfet de Nouvelle-aquitaine. Après une réunion le 30 janvier dernier, l’aire d’étude a été adoptée. Des études environnementales vont désormais être lancées, et une concertation plus large du public va s’engager à partir de la fin du mois de mars, sous l’égide de la Commission nationale du débat public (CNDP), en vue de définir le « tracé de moindre impact », d’ici à fin 2025, début 2026.

Le réseau actuel « arrive à saturation »

La première raison qui a poussé RTE à se pencher sur la création d’une nouvelle connexion, est que le réseau THT (Très haute tension) de 400.000 volts – l’épine dorsale du réseau français, interconnectée aux autres pays européens – « arrive à saturation dans ce secteur », explique Alexandre Irle. Or, RTE anticipe un accroissement de la consommation en électricité dans les prochaines années, « ce qui va venir saturer un peu plus ce réseau. »

En parallèle, l’État a lancé ces dernières années différents projets pour la création de zones d’éolien marin, notamment au large d’Oléron. Projets qu’il faudra raccorder au réseau terrestre. « Nous sommes donc arrivés à la conclusion que l’optimum était de réaliser un ouvrage qui aurait cette double fonction », renforcer le réseau et connecter ces parcs marins.

Le démarrage des travaux est envisagé « pour début 2028 ». Pour la partie sous-marine, les câbles seront enfouis dans le fond marin « pour garantir leur protection », et interférer le moins possible avec la pêche dans le Golfe de Gascogne.