La France ne respecte-t-elle pas ses objectifs climatiques et énergétiques ?
La France a émis « 369,9 millions de tonnes de CO2e (MtCO2e) » sur un budget carbone de 382 MtCO2e, respectant ainsi son objectif en émissions brutes. Toutefois, le secteur des transports, qui représente 33,8 % des émissions nationales, n’a pas respecté son objectif annuel indicatif de 120 MtCO2e, ayant émis 125 MtCO2e.
La France est-elle en bonne voie pour respecter ses engagements climatiques ? Ce n’est pas vraiment le cas, selon l’édition 2025 de l’Observatoire Énergie-Climat, publiée par le Réseau action climat (ARC) la semaine dernière.
Malgré de réels progrès, le pays est encore éloigné du rythme nécessaire pour atteindre les objectifs fixés pour 2030 et la neutralité carbone en 2050, révèle le rapport.
**Objectif respecté…**
Selon les données de l’observatoire, la France respecte son objectif en matière d’émissions brutes (la somme de toutes les émissions des différents secteurs, sans prendre en compte l’absorption par les forêts et sols), avec « 369,9 millions de tonnes de CO2e (MtCO2e) émises sur un budget carbone de 382 MtCO2e », précise le rapport.
De manière générale, les secteurs émetteurs (l’industrie avec 16,9 % des émissions, l’agriculture avec 20,6 % et le bâtiment avec 15,5 %) ont respecté leurs « budgets carbone ». Le RAC explique cela en partie « grâce à des facteurs conjoncturels comme des baisses de production ». Toutefois, « le ralentissement de la baisse de leurs émissions est extrêmement préoccupant », avertit le réseau.
**… mais pas par secteur**
Cependant, derrière la baisse globale des émissions, le rapport souligne que plusieurs secteurs ne suivent pas le rythme, notamment celui des transports, qui demeure le premier émetteur du pays avec 33,8 % des émissions nationales. Ce secteur a émis 125 MtCO2e et n’a pas respecté son objectif annuel indicatif de 120 MtCO2e, stagnation qui perdure depuis des années, en raison, par exemple, d’un manque d’alternatives à la voiture suffisamment développées.
« Il est donc nécessaire de renforcer les transformations structurelles dans tous les secteurs pour réduire davantage et durablement les émissions de gaz à effet de serre, et contribuer aux objectifs européens visant une réduction de 55 % des émissions nettes d’ici à 2030 », souligne le RAC.
Le rapport précise également que le trafic aérien international, qui n’est pas inclus dans les émissions territoriales, a connu une hausse de 5 % de ses émissions, tandis que le trafic aérien domestique a légèrement diminué par rapport à 2024.
**Et côté énergie, on en est où ?**
Concernant le secteur énergétique, qui représente 9 % des émissions nationales, la transition progresse, mais pas assez rapidement. La consommation finale d’énergie n’a pas respecté son objectif : elle dépasse la trajectoire prévue par la Programmation pluriannuelle de l’énergie de 1 TWh.
Le rapport indique tout de même que la France a respecté son objectif pour la consommation primaire des énergies fossiles, avec 24 TWh de moins que prévu. Ce résultat est attribué à une baisse des seuls produits pétroliers raffinés, note le RAC.
En ce qui concerne la consommation des énergies renouvelables, le pays est loin de ses engagements. La France aurait dû atteindre 26,8 % d’énergies renouvelables pour respecter sa trajectoire, mais n’atteint que 23 %. Ce retard est particulièrement visible dans l’éolien terrestre et en mer.
Les conclusions de l’étude soulignent « les lacunes » dans la mise en œuvre de la loi d’accélération des énergies renouvelables et « les attaques politiques qui se multiplient » contre certains projets, ce qui freine leur déploiement et « creuse le retard » de la France dans leur développement.

