La chanteuse britannique Marianne Faithfull est morte à 78 ans
L’interprète de As Tears Go By s’en est allée. La chanteuse et actrice britannique Marianne Faithfull est décédée à l’âge de 78 ans à Londres, a annoncé un porte-parole ce jeudi dans une déclaration transmise à l’AFP. « C’est avec une profonde tristesse que nous annonçons le décès de la chanteuse, compositrice et actrice Marianne Faithfull. Elle s’est éteinte paisiblement à Londres aujourd’hui, en compagnie de sa famille. Elle nous manquera beaucoup », est-il indiqué.
Après la mort de Françoise Hardy, l’ex-compagne de Mick Jagger avait partagé sur Instagram sa tristesse ainsi qu’une photo montrant les deux femmes, rayonnantes, au ministère de la Culture pour la remise des insignes d’Officier dans l’Ordre des Arts et des Lettres à Étienne Daho, en 2006.
Surdoses, alcool et tentative de suicide
Égérie des Rolling Stones, Marianne Faithfull a incarné le rock’n’roll, du Swinging London aux scènes punk new-yorkaises, au fil d’une longue carrière ponctuée par ses éclipses et ses renaissances. Sa voix, un mince filet clair dans As tears go by (1964) devenu dans Broken English (1979) un torrent grave puisé aux tréfonds de la défonce, était reconnaissable entre toutes : avec cette tessiture rocailleuse, elle exerçait un sortilège sur les nostalgiques du rock mélancolique et lettré.
Née le 29 décembre 1946 à Londres d’un père espion et d’une mère austro-hongroise descendante du baron von Sacher Masoch, elle avait survécu aux surdoses, au suicide, à la rue, à l’alcool, à un cancer et même au coronavirus qui l’avait contrainte à trois semaines d’hospitalisation à Londres.
Une histoire d’amour passionnelle avec Mick Jagger
À jamais associée à Mick Jagger dont elle partage la vie et les frasques à la fin des années 1960, cette Britannique à la psychologie fragile mais au tempérament de feu va se faire un nom courtisé par toute la jet-set. A 68 ans, elle posera même pour une campagne de pub d’Yves Saint Laurent.
En 1963, le producteur des Rolling Stones la croise dans un bar où elle chante des ballades : « J’ai rencontré un ange avec des gros seins et je l’ai signée », claironne alors Andrew Oldham. La timide blonde de 17 ans enregistre la première chanson de Keith Richards et Mick Jagger que leur producteur juge trop sentimentale. Compagne de Brian Jones, elle entame en 1966 une liaison avec Mick Jagger. Lorsqu’elle emménage avec lui à 19 ans, elle quitte un mari et un fils.
Le couple rebelle et bohème partage les gros titres avec Keith Richards et Anita Pallenberg. En 1967, Marianne Faithfull est arrêtée hagarde et nue sous une couverture lors d’une descente de police chez Keith Richards. Dépendante à l’héroïne, elle touche le fond au début des années 1970 avec la fin de sa liaison avec Mick Jagger, la perte de la garde de son fils et une tentative de suicide en Australie. Sans domicile, elle vit deux ans dans des squats à Soho à Londres.
« Princesse, pute, rock star »
En 1973, lorsqu’elle entonne I’ve got you Babe, déguisée en nonne aux côtés de David Bowie, sa voix porte les stigmates de ses dérives. Six ans plus tard, elle sort Broken English qu’elle présente comme l’album de sa vie. « Ce que je dois faire avant de mourir, c’est montrer ce que j’ai dans le ventre. Dire qui je suis. »
L’album relance sa carrière mais installée à New York, elle replonge dans la drogue. Après une cure de désintoxication à la fin des années 1980, elle se réinvente, inspirée par le cabaret allemand des années 1930. Elle revient sur scène avec L’Opéra de quat’sous et Les 7 péchés capitaux de Bertold Brecht et Kurt Weill. « Princesse, pute, rock star : je n’ai jamais vraiment fait cas du regard des autres. Je sais seulement que je suis une artiste vivante », lançait-elle en forme de défi en 1995.