France

Kurdes tués à Paris : Le principal suspect évoque « un attentat » avant de nuancer ses propos

William Malet, qui a reconnu avoir tué trois Kurdes en décembre à Paris, voulait « faire un attentat », a-t-il expliqué lors d’un récent interrogatoire, avant de nuancer ses propos et confesser « des fantasmes sadiques » couplés à une envie de se suicider.

Après son arrestation, le suspect William Malet avait déjà confié s’être rendu à Saint-Denis pour y tuer des étrangers mais y avoir renoncé. A la lecture par le magistrat de la définition d’un attentat, il précise que son attaque « c’est pas idéologique vraiment » et qu’il se retrouve « vaguement » dans l’énoncé d’un « acte qui heurte les droits, les grands principes, les traditions ».

« Faire un attentat »

Le matin du 23 décembre, ce conducteur de train retraité se rend armé à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) pour « faire un attentat », relate-t-il le 7 mars devant un juge d’instruction lors d’un interrogatoire consulté par l’AFP. Un attentat, c’est « tirer sur des étrangers », ajoute-t-il. Il comptait se suicider ensuite « pour que (sa) mort ne passe pas inaperçue ».

Le jour des faits, incapable de mettre à exécution son projet à Saint-Denis faute de monde et encombré par son sac, William Malet rentre chez ses parents dans le IIe arrondissement de Paris et se rend rue d’Enghien (Xe). Il tue avec son arme trois personnes près du CDK-F, « un repaire » du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), selon lui. Il s’est attaqué à des Kurdes parce qu’il ne « tolère pas ce qu’ils ont fait avec Daech », le groupe Etat islamique, explique-t-il au magistrat. « Ils ont fait des tas de prisonniers et ils les ont pas livrés à Bachar al-Assad et on les récupère en France ». Le CDK-F, « c’est un truc très militant (…) c’est des ultra-nationalistes ».

« Il y a pas le côté politique »

A la suite de l’expertise psychiatrique réalisée en janvier et de cet interrogatoire, le parquet de Paris, interrogé par les juges d’instruction le 14 mars « sur une éventuelle requalification des faits en acte de terrorisme », a transmis le dossier au Parquet national antiterroriste (Pnat) pour évaluation, a-t-il indiqué ce samedi. Même si au fil de l’interrogatoire, le retraité de 70 ans a tempéré ses propos : « c’était pas un attentat c’était une attaque. (…) Il y a pas le côté politique ».

Le Pnat, sollicité par l’AFP, a confirmé avoir « réalisé une analyse complémentaire à l’évaluation diligentée dès la commission des faits ». « En l’espèce, il ne résulte ni des déclarations de l’intéressé ni d’aucun autre élément de la procédure que son acte a été conçu et perpétré dans le cadre d’une entreprise individuelle ou collective ayant pour but de troubler gravement l’ordre public par l’intimidation ou la terreur, même s’il a de fait suscité un tel trouble », a estimé le Pnat. « Sa personnalité très perturbée qui a conduit les experts à conclure à une altération du discernement, ses fantasmes de meurtre, sa haine générale des étrangers, son désir de vengeance et de célébrité posthume inscrivent son acte dans une démarche exclusivement personnelle », selon le Pnat.

Le parquet de Paris a indiqué avoir de fait « adressé le 13 avril aux trois juges d’instruction co-saisis un avis défavorable à une requalification des faits ». William Malet reste donc mis en examen pour assassinats et tentatives d’assassinats à caractère raciste.