Jugé pour pédopornographie, le prieur de Riaumont plaide l’étude anthropologique

Mardi, à l’audience devant le tribunal correctionnel de Béthune, Alain H., vêtu d’une soutane beige recouverte d’un épais manteau bleu marine, a nié une grande partie des faits qui lui sont reprochés. Âgé de 61 ans, l’ancien prieur de la communauté catholique traditionaliste de Riaumont était jugé pour avoir régulièrement consulté des contenus pédopornographiques entre 2012 à 2017.
Le prévenu a contesté que la majorité de ces images mettaient en scène des mineurs, jeunes garçons ou adolescents. Il a aussi contesté le nombre de fichiers illicites retrouvés sur ses ordinateurs, environ 2.000 selon les enquêteurs. Et pour justifier ses visites sur des sites pornographiques, il a assuré à la barre qu’elles s’inscrivaient dans le cadre d’une « étude anthropologique, sociétale, éducative », pour mieux comprendre la jeunesse d’aujourd’hui.
La volonté de « manipuler » ses interlocuteurs
En réaction, la procureure a estimé que le prévenu avait la volonté de « manipuler » ses interlocuteurs en faisant croire qu’il y avait une quelconque « dimension scientifique à tout ça ». A l’encontre du religieux, elle a requis un an de prison ferme sous bracelet électronique et un an avec sursis. La procureure souhaite que cela soit assorti d’une injonction de soins et d’une interdiction d’exercer une activité en contact habituel avec des mineurs. Le jugement a été mis en délibéré au 6 mai.
Ce procès était très attendu car il est le premier à concerner un religieux de Riaumont. Alain H. est aussi mis en examen dans deux autres affaires autour de cette communauté. L’une concerne des faits de maltraitance d’enfants pensionnaires de Riaumont, et l’autre un viol au sein de l’institution, une affaire dans laquelle il est poursuivi pour « non-dénonciation de crime ».
Notre dossier sur la maltraitance infantile
Concernant le volet des violences sur mineurs, le parquet de Béthune a récemment requis la tenue d’un procès contre l’ancien prieur et cinq autres religieux de Riaumont. Deux autres encadrants de Riaumont sont par ailleurs mis en examen dans le cadre d’une information judiciaire en cours pour agressions sexuelles.