« Johnny par Laeticia » : Le couple raconté sur M6 avec des archives intimes

« Je fais un plan sur tes beaux yeux mon amour », lance la voix de Laeticia Hallyday tandis que l’image se rapproche doucement de son mari, bras croisé et tee-shirt noir, assis à l’intérieur de la cabine d’un bateau. « On ne les voit jamais ces films que tu fais », répond Johnny après quelques secondes, posant son regard dans l’objectif. Cinq ans après son décès, celle qui a partagé sa vie pendant vingt-trois ans dévoile ces vidéos privées.
Sept cents heures d’images, trois mois de visionnage et autant de montage à raison de sept heures par jour… La mission confiée par Laeticia à William Karel aura mis le réalisateur de 82 ans à rude épreuve. « C’est elle qui a proposé l’idée en promettant de ne jamais venir voir le montage. Quand elle a visionné le film, il était terminé, on avait déjà ajouté le générique », souligne auprès de 20 Minutes celui qui réalise pour M6 le film anniversaire inédit Johnny par Laeticia, diffusé ce 8 décembre à l’occasion des cinq ans de la mort de Johnny Hallyday. « Elle n’a pas demandé à enlever une image ou un mot qu’elle dit… »
Le résultat repose dans une heure et quarante-deux minutes de documentaire, depuis la rencontre entre Laeticia et Johnny jusqu’à sa mort. « Comme beaucoup de familles, j’avais pris l’habitude avec Johnny de filmer des instants de vie. D’abord avec un caméscope puis avec nos téléphones », explique dans le communiqué de la chaîne celle qui a été l’épouse du rockeur jusqu’à sa mort. « Jamais je n’aurais imaginé un jour partager cela, ce ne sont que des images amateurs. »
Des vidéos écartées par pudeur
« Ni lui ni elle ne savent très bien filmer. Surtout lui qui filme plutôt mal », confirme le réalisateur. Selon lui, l’authenticité des vidéos captées par le couple dans leur quotidien offre au téléspectateur l’impression « d’ouvrir un album de famille ».
Cet album retrace la vie du couple, partant de leur rencontre à Miami en mars 1995 jusqu’aux derniers jours de la rock star. « Le film dévoile une image de Johnny qu’on ne connaît pas, on y découvre son courage, sa force et même son humour à la fin, alors qu’il se sait condamné, se réjouit William Karel. Lorsqu’un journaliste lui demande s’il pense qu’il aura des funérailles nationales, il éclate de rire car il trouve ça déplacé. »
Pour autant, le réalisateur a écarté d’emblée certaines vidéos confiées par Laeticia. « Dans certains plans filmés chez lui, on le voyait essayer de manger avec des tuyaux d’oxygène dans les narines. On a évidemment jeté ce genre de passages pour garder une certaine dignité », argumente-t-il. Le documentaire s’attarde toutefois à montrer le quotidien de Johnny Hallyday, une fois sorti de scène. Très peu de séquences font référence à des concerts, hormis ceux qui ont le plus marqué les dernières années de la légende du rock français.
« Ses addictions, ses démons, ses descentes aux enfers… »
Cet « ovni qui ne ressemble à aucun autre film réalisé sur Johnny » n’aborde pas la vie de l’artiste avant sa rencontre avec Laeticia. David Hallyday et Laura Smet n’y sont qu’évoqués par le chanteur lui-même, notamment lorsqu’il estime avoir « raté l’éducation de ses enfants », trop absent pour les élever. Le producteur raconte encore qu’une vidéo montrait Johnny en train de jouer avec David dans une piscine et qu’il a décidé de l’écarte « à regret » pour des raisons de droit à l’image.
Le documentaire n’occulte pas le côté plus sombre de l’artiste. « Ses addictions à la drogue, ses addictions à l’alcool, […] ses démons, ses descentes aux enfers, les nuits sans sommeil », commente la voix de Laeticia, fil rouge du récit.
Lors de son entretien avec la maman de Jade et Joy (18 et 14 ans) pour les besoins du film, William Karel se souvient d’une émotion palpable. « Elle était tellement émue et secouée qu’on coupait la caméra parce qu’elle pleurait entre chaque séquence », dévoile-t-il. « Elle s’est vraiment investie dans le film… Quand elle l’a vu, elle est restée un moment sans parler », conclut-il.