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#JeNeSuisPasUneData, l’outil de l’UFC-Que-Choisir pour « reprendre le contrôle de ses données personnelles »

Un formulaire à remplir, des cookies à accepter, des paramètres de préférences à configurer… A chaque inscription, c’est la même rengaine. Mais savons-nous réellement quelles sont les données personnelles dont disposent les plateformes telles que Facebook, Instagram, Uber ou encore Tinder. À l’occasion du Data Privacy Day, la Journée européenne de la protection des données personnelles, ce samedi 28 janvier, l’UFC-Que Choisir a lancé, ce jeudi, une campagne de mobilisation intitulée #JeNeSuisPasUneData.

Le but ? Permettre aux internautes de connaître l’ampleur des données personnelles qui sont récoltées par ces plateformes et leur expliquer comment demander leur effacement ou leur rectification. La démarche est assez simple. Via un outil gratuit, mis à disposition par l’association, l’utilisateur choisit l’une des neuf plateformes qui l’intéresse : Facebook, Twitter, Instagram, LinkedIn, Google, Uber, Tinder, TikTok ou encore Netflix. L’outil renvoie vers la plateforme concernée pour y télécharger une copie de nos données personnelles, qu’elle détient souvent depuis plusieurs années. Une fois ce fichier obtenu – qui peut prendre de quelques minutes à quelques jours selon les plateformes –, l’outil de l’UFC-Que Choisir livre une analyse détaillée.

« Un aspirateur silencieux »

« On propose de montrer l’invisible. Les données personnelles, c’est une sorte d’aspirateur silencieux qui tourne en permanence », résume Raphaël Bartlomé, responsable du service juridique chez UFC-Que Choisir. Car ces plateformes en savent effectivement bien plus que ce que vous pensez leur dire. Parmi les données personnelles que l’on « donne » à ces plateformes, il y a évidemment notre identité et nos coordonnées, mais ce n’est pas tout, explique le spécialiste : « En plus de ce qu’elles collectent, les plateformes déduisent énormément des choses sur vous. Les internautes ne mesurent pas toujours l’ampleur et surtout l’exploitation qui en est faite ». En fonction de vos clics, de vos interactions ou de vos recherches, les plateformes peuvent deviner quelles sont vos habitudes de vie, de consommation, de loisirs, votre situation familiale, votre orientation politique ou votre situation professionnelle. En d’autres termes, elles dressent un vrai portrait-robot de vous.

Prenons le cas du réseau social professionnel, LinkedIn. Si la plateforme connaît logiquement le nom de votre entreprise et du poste que vous occupez, elle peut aussi deviner vos ambitions : « LinkedIn peut déduire si vous êtes au chômage, en recherche d’emploi, si vous avez envie d’aller à l’étranger, si vous plaisez dans votre poste. C’est ce qu’on appelle les données inférées », poursuit le spécialiste. En analysant vos trajets, leurs fréquences ou votre vitesse, Google « peut savoir où vous habitez, les lieux que vous fréquentez, la localisation de votre entreprise, savoir si vous vous déplacez à pied, en vélo ou en trottinette », ajoute-t-il. Et c’est la même chose pour Facebook. Le réseau social peut connaître, via vos connexions sur vos différents appareils, votre localisation, la marque et le modèle de votre téléphone ou de votre ordinateur, la borne wifi que vous utilisez ou même votre logiciel. « D’autant plus qu’on pense qu’en fermant les applications, le tracking s’arrête, mais c’est faux », met en garde le spécialiste.

Des données qui vous appartiennent

D’autant qu’avec l’expansion de la cybercriminalité, vos données peuvent intéresser des personnes malveillantes. « Mais l’objectif n’est pas de faire peur, mais de faire prendre conscience et d’expliquer comment on peut réagir », poursuit-il.

Si l’entrée en vigueur du règlement européen sur la protection des données personnelles (RGPD) en 2018 a permis de renforcer les droits des consommateurs, il faut être honnête deux minutes, quasiment aucun être humain sur cette planète ne lit les conditions d’utilisations ou ce fameux RGPD quand il s’inscrit sur une plateforme. Même pour un professionnel, c’est « chiant et incompréhensible », avoue Raphaël Bartlomé.

Alors quand il s’agit de demander l’effacement ou la rectification de nos données personnelles, on persévère rarement. « Ce n’est pas parce que ces données sont collectées qu’elles ne vous appartiennent plus ». Vous avez supprimé une photo de vos réseaux sociaux, elle apparaît toujours dans Google quand vous tapez votre nom et vous pensez ne rie

« Ce n’est pas une fatalité »

Et pour ça, il faut se rendre sur l’onglet « exercer vos droits » de l’outil mis en place par l’UFC-Que Choisir, en commençant par renseigner l’organisme à contacter. Et le choix est large, il peut s’agir de Uber, Netflix France S.A.S, Google France, Amazon France Logistique SAS ou Apple Europe Inc.

Plusieurs possibilités s’offrent ensuite à vous : vous pouvez demander une copie de vos données personnelles, vous opposez à leur utilisation, demander leur suppression, corriger des informations ou exiger de ne plus apparaître dans les résultats d’un moteur de recherche, comme Google. L’outil génère ensuite automatiquement une demande qu’il ne reste plus qu’à envoyer. En fonction des plateformes, la réalisation peut prendre de plusieurs jours à plusieurs mois.

« Toutes les données qu’ils gardent sur vous n’ont aucune utilité. Mais ce n’est pas une fatalité. C’est possible de se faire oublier et ce n’est pas compliqué », assure Raphaël Bartlomé. Et pour financer cette campagne, l’UFC-Que Choisir n’a pas seulement fait appel aux dons : « Les fonds viennent également des procès que l’on a gagnés contre Google, Uber, Facebook pour la collecte et l’exploitation abusives des données personnelles des utilisateurs », se réjouit le spécialiste.