France

« Je peux la suivre à la seconde »… Comme d’autres parents, Jessy géolocalise sa fille pour tenter de la protéger

Selon les informations du procureur d’Evry, c’est en consultant vers 14h10 l’application Family Link, pour géolocaliser sa fille, que la mère de Louise a constaté que son téléphone était éteint, la poussant à donner l’alerte. Si cet outil n’a pas permis d’éviter la mort de la jeune fille vendredi dernier en Essonne, il est aujourd’hui au cœur des discussions dans les familles.

Les parents de jeunes enfants ou adolescents s’interrogent pour tenter de prévenir le pire : doivent-ils utiliser la géolocalisation, possible via des applications mobiles ou l’achat de Airtags (petit GPS de la marque Apple) ? Selon une enquête Ipsos réalisée pour l’Observatoire de la Parentalité et de l’éducation numérique et l’Unaf en 2022, quatre parents sur dix déclarent avoir déjà utilisé un logiciel espion pour surveiller leur enfant.

Ça n’a « pas de prix »

C’est le cas de Jessy, particulièrement touchée par l’histoire de Louise. Sa fille unique est elle aussi âgée de 11 ans. Depuis son entrée en classe de sixième, elle utilise une application pour suivre ses déplacements. « J’ai opté pour une option payante qui me permet d’entendre le son capté par le téléphone de ma fille, mais aussi de suivre ses déplacements à la seconde près », confie la mère au foyer, pour qui la sécurité de son enfant « n’a pas de prix ».

Sur TikTok, Mary_prdr2, suivie par plusieurs dizaines de milliers de parents, constate cet engouement pour ces dispositifs. « Les parents commencent à y réfléchir à l’entrée au collège, souvent vers les 10 ans de l’enfant », rend compte l’influenceuse parentalité, qui observe un déclin de l’utilisation des Airtags mais un engouement pour les applications « espion ». « Ils sont prêts à payer pour la sécurité de leur enfant », remarque-t-elle.

Ne pas tomber dans la « psychose »

Si Jessy se dit « soulagée », elle souligne l’importance de ne pas tomber dans la « psychose » ou dans un contrôle « malsain ». « J’ai eu une discussion avec ma fille pour lui expliquer comment et pourquoi je voulais avoir accès à ces informations, elle l’a très bien compris et cela la rassure elle aussi, sans l’obnubiler », raconte-t-elle.

Chaque jour, Jessy reçoit une notification lui indiquant quand sa fille sort du collège, « c’est le seul moment de la journée où je regarde sa position ». En dehors de ce petit rappel quotidien, Jessy n’accède à la fonctionnalité localisation qu’en cas de « mauvais pressentiment ». Un jour, alors que sa fille tarde à rentrer d’une balade à vélo, Jessy s’inquiète et constate une localisation anormale. En enclenchant le dictaphone de l’application, la jeune femme constate qu’un groupe de garçons empêche sa fille de rentrer à la maison. « Je l’ai appelé et lui ai demandé de mettre le haut-parleur. J’ai demandé aux individus de partir en précisant que j’arrivais d’une seconde à l’autre », raconte-t-elle.

Si l’histoire s’est bien terminée, Jessy est consciente que les traceurs ne font pas de miracles, comme le rappelle tragiquement la mort de Louise. « Cela n’empêchera pas un inconnu de faire du mal à ma fille, mais les fonctionnalités auxquelles j’ai accès peuvent me permettre de gagner du temps. »