« Je ne vous serre par la main »… Quand une avocate refuse de saluer Gérald Darmanin

Une avocate a refusé, mardi, de serrer la main du ministre de la Justice lors d’un déplacement à Nanterre, rapporte Le Parisien. L’incident intervient dans le contexte d’une réforme pénale en préparation pour l’automne, alors les magistrats réclament plus de moyens pour appliquer la loi.
Durant ce déplacement, le ministre de la Justice Gérald Darmanin a été interpellé par deux avocats. L’une d’entre eux a refusé de lui serrer la main au moment de lui poser une question. « Quand on ne serre pas les mains des gens, ça commence dans l’irrespect et c’est dommage pour votre profession », a lancé le ministre avant de s’éloigner. « Je ne suis pas là pour serrer des mains ni pour valider des réformes qui vont mettre encore plus de difficultés dans nos professions », s’est exclamée Me Camilla Quendolo, précise le quotidien.
« Des moyens » plutôt qu’une « énième réforme »
L’incident s’est tenu alors que Gérald Darmanin souhaite présenter à l’automne un projet de loi sur une réforme pénale controversée. Le ministre souhaite revenir sur le principe d’aménagement obligatoire de certaines peines d’emprisonnement, réserver le sursis uniquement aux primo-délinquants ou encore rétablir les peines de moins d’un mois d’emprisonnement, qui avaient été supprimées en mars 2020 lors d’une précédente réforme des peines.
Il souhaite aussi que la procédure de plaider-coupable, aujourd’hui possible pour certains délits, soit étendue aux crimes, et veut multiplier les cours criminelles sans jurés, pour réduire les délais de jugement.
« Nous ne sommes pas suffisamment nombreux »
Un projet dont les magistrats ne veulent pas. « Est-ce qu’il y a un intérêt aujourd’hui à refaire une énième réforme sur une matière complexe qui n’arrête pas de changer ? Nous n’en sommes pas certains », a déclaré mardi Alexandra Vaillant, secrétaire générale de l’Union syndicale des magistrats (USM) sur RTL.
Selon la responsable de l’USM, syndicat majoritaire, « si le projet doit aboutir, il faudra prévoir des moyens pour l’appliquer correctement. Sinon, nous resterons sur un effet d’affichage », a-t-elle mis en garde.
« Trente ans d’abandon de la justice par les pouvoirs publics »
« Nous ne sommes pas suffisamment nombreux, en termes d’effectifs de magistrats et de greffiers en France, pour apporter une réponse dans tous les contentieux, qu’on soit au civil ou au pénal », a expliqué Alexandra Vaillant. « Il est là aujourd’hui le problème des délais, c’est la conséquence de 30 ans d’abandon de la justice par les pouvoirs publics, ni plus ni moins. »
« Les moyens, je me bats pour en obtenir davantage », a répondu Gérald Darmanin, à l’issue d’une visite au tribunal judiciaire de Nanterre, se félicitant que le ministère de la Justice ait obtenu « 200 millions d’euros de plus, mais surtout 1.600 effectifs supplémentaires ».

