France

« Je n’ai pas le choix »… Paraplégique, Jacqueline sommée de rembourser l’aide de l’État pour son fauteuil

«Ce n’était pas un achat de confort. C’est vraiment quelque chose qui m’est utile, qui m’aide au quotidien. » Depuis quelques mois, Jacqueline Talpin profite d’un formidable mais coûteux accessoire. Paraplégique depuis une foudroyante ischémie médullaire (un infarctus de la moelle épinière) survenue en 2021, cette habitante de Fay-de-Bretagne en Loire-Atlantique s’était offert une troisième roue pour son fauteuil roulant. Un accessoire à assistance électrique qui lui permet de sortir seule et qu’elle avait pu s’offrir grâce à une aide de 2.000 euros (le montant maximal) que l’État lui avait versée, permettant d’amortir un peu l’investissement total de 7.000 euros.

Un an après avoir reçu son chèque, cette retraitée de la fonction publique a appris qu’elle n’était finalement pas éligible à cette aide proposée dans le cadre du « bonus vélo » mis en place par le gouvernement. Et ça la met profondément en colère.

Elle peut se promener « sans se casser les épaules »

Le début de l’histoire révélée par Presse Océan remonte à 2023 et la venue d’un vendeur de matériel au sein de l’association « Comme les autres » dont Jacqueline fait partie. Le commercial propose à plusieurs personnes en situation de handicap de « tester » quelques produits permettant de leur faciliter la vie. Deux ans après son grave accident de santé, Jacqueline teste une troisième roue à assistance électrique qui lui permet d’aller se promener seule « sans se casser les épaules » avec son fauteuil manuel.

Après un temps de réflexion, elle investit dans un autre magasin qui lui vante la prime de 2.000 euros à laquelle elle est éligible. Après un premier refus lié à une simple erreur d’immatriculation, l’Agence de services et de paiement (ASP) valide sa demande et lui verse l’aide de l’État. « Cette troisième roue, elle m’offre une véritable autonomie. Sans elle, je suis dépendante de mon mari, qui est obligé d’être là pour me pousser. Ou alors, je dois prendre la voiture, même pour aller au bourg, qui est à moins d’un kilomètre de chez moi », explique-t-elle à 20 Minutes. D’autant que se mettre au volant se révèle compliqué quand on est en fauteuil.

Méfiante sur la promesse de Bayrou

Sommée de rembourser l’aide de l’État, Jacqueline Talpin a engagé une médiation avec l’Agence de services et de paiement, notamment pour tenter d’échelonner les versements. Surtout, elle ne comprend pas pourquoi on lui refuse ce petit coup de pouce qui lui a pourtant fait tant de bien. « J’ai toujours été de bonne foi, je n’ai pas menti. Je les avais appelés pour m’assurer que je pouvais y prétendre. J’ai toujours dit que c’était pour l’achat d’une troisième roue. Là, je n’ai pas le choix, je dois rembourser, alors que c’est une erreur de leur part », déplore l’ancienne fonctionnaire. Pour y prétendre, elle aurait dû investir dans un système avec un pédalage.

Grâce à cette troisième roue installée sur son fauteuil roulant, Jacqueline retrouve de l'autonomie et peut se promener seule, elle qui était passionnée de randonnée avant son accident.
Grâce à cette troisième roue installée sur son fauteuil roulant, Jacqueline retrouve de l’autonomie et peut se promener seule, elle qui était passionnée de randonnée avant son accident.  - M. Talpin

Si Jacqueline Talpin est si remontée, c’est aussi parce qu’elle a « beaucoup dépensé » et presque toujours « de sa poche » pour adapter sa vie à son handicap. Elle qui menait une vie normale avait vu son quotidien basculer en 2021 lorsqu’elle a été victime d’une ischémie médullaire. « J’ai été paralysée d’un coup. En moins de quinze minutes, j’étais tétraplégique », explique-t-elle. Après plusieurs semaines d’hospitalisation et des mois de rééducation, Jacqueline et son mari ont dû tout changer. « On a revendu la maison pour en construire une autre, on a acheté le matériel pour adapter la salle de bains, on a changé de voiture, j’ai acheté un fauteuil. Et pour tout ça, je n’ai pas beaucoup été aidée. »

Parce qu’elle était retraitée le jour de son infarctus, Jacqueline Talpin n’a pas eu le droit à l’aide de la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH). Elle n’a pu compter que sur sa retraite de fonctionnaire pour financer cette coûteuse adaptation à la nouvelle vie. Même son fauteuil ne lui a été que partiellement remboursé. Alors la promesse de François Bayrou de rembourser intégralement les fauteuils roulants dès 2025, Jacqueline Talpin s’en méfie. « J’attends de voir. »