France

« Je le donne même à mon dealer »… Les codes d’accès d’immeuble, un vrai secret de polichinelle

Comme la majorité des Français, pour accéder à mon immeuble, il faut en connaître le code d’accès – du moins quand la porte ferme correctement. Mais d’après la start-up française Kivala, cette combinaison est un secret de polichinelle. Livreurs, infirmiers libéraux, agents immobiliers… La liste des personnes qui connaissent votre digicode s’élèverait à 3.000 personnes sur une seule année.

Les chiffres peuvent donner le tournis : en six ans de location dans mon logement de la banlieue parisienne, le code n’a jamais été changé. Pire encore, c’était déjà le même lorsque mon amie, la locataire précédente, avait posé ses bagages, en 2017. En une petite décennie, c’est comme si la population entière d’Aix-les-Bains connaissait mon digicode.

Deux ans ou plus si affinités

« En général, nous changeons le code tous les deux ans » voire plus souvent en cas « d’impératif d’insécurité » comme un cambriolage, explique une gestionnaire de copropriété souhaitant rester anonyme. Lourdes, concierge dans un immeuble du 17e arrondissement de la capitale depuis un an et demi, confirme : « Dans mon ancien immeuble, le code changeait tous les deux ans, je dirais. C’était à la demande des copropriétaires, pour des raisons de sécurité. »

Mes huit années sans roulement ne seraient donc pas la norme. « Ne pas changer un code au bout de deux ans, c’est prendre un risque pour la sécurité de l’immeuble… donc une dizaine d’années, c’est trop », s’indigne la gestionnaire de copropriété. Hélène* nous confie que son code est inchangé depuis sept ans, malgré le fait qu’il y ait « énormément de passage » dans son immeuble. Mélissa*, qui habite dans le 18e arrondissement de Paris, glisse en souriant : « j’étais triste quand ils ont changé le mien parce que 1789, c’était un super code. Mais c’était mieux pour la sécurité ». Et d’ajouter : « vu le nombre d’appartements dans la résidence, je préfère pas trop penser à combien de personnes ont le code finalement ».

L’ex de l’autre côté de la porte

Certains de nos lecteurs ont d’ailleurs vécu des mésaventures liées au code d’accès de leur immeuble. « À l’ancienne adresse de mes parents, des livreurs avaient gardé le digicode et se servaient du hall de l’immeuble pour traîner. Je n’ai jamais rencontré de problème avec eux mais depuis, je ne donne plus ce code. Ça me force à sortir et, en plus, ça arrange en général les livreurs qui n’ont pas à rentrer et à monter les étages ! », confie Basile*.

Jérôme*, lui, a « maudit le ciel que le code ne change pas plus souvent » après une rupture difficile. « Pendant environ deux mois, mon ex venait presque tous les soirs devant ma porte. Je me souviens d’une fois où elle a toqué à environ minuit trente, pendant une bonne demi-heure, et je suis resté immobile à essayer de faire le moins de bruit possible », se souvient-il, encore traumatisé.

Le dealer « sympa »

Morgane*, qui a toujours vécu à Paris, ne partage pas ces inquiétudes, même si son code d’accès n’a jamais changé depuis son emménagement il y a trois ans. « Je ne me sens pas du tout en insécurité. La seule fois où nous avons eu un souci, des gens s’étaient introduits via des échafaudages. Alors code ou pas… je me dis que quelqu’un d’assez décidé trouvera de toute façon un moyen de rentrer ! »

Et la jeune femme de 26 ans est généreuse avec cette information. « Amis, livreurs, à l’occasion de soirées ou pour m’éviter la descente et l’ascension fastidieuse de 4 étages sans ascenseur, je donne systématiquement mon digicode », sourit-elle. « Je le donne même à mon dealer lorsqu’il vient me livrer ! Il faut dire qu’il est sympa. » Alors s’il est sympa…

*Les prénoms ont été modifiés