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Japon : Tour Eiffel, ketchup, « Guernica »… ça sert à quoi une Expo universelle en 2025 ?

C’est la grande messe culturelle internationale. Trois ans après Dubaï, l’« Expo-2025 », qui se tiendra jusqu’au 13 octobre, a ouvert au public dimanche sur l’île artificielle de Yumeshima, à Osaka (ouest du Japon), où sont représentés quelque 160 pays et régions.

Dans un contexte marqué par les conflits, de l’Ukraine à Gaza, et les tensions commerciales, « L’Hymne à l’amour » célébré par le pavillon France, inauguré par Sophie Marceau et Teddy Riner, détonne. Les Expositions universelles permettent depuis 1851 aux pays de présenter leurs cultures et technologies à un public avide de découvertes.

Les Expos universelles, 175 ans d’histoire

Ces événements à l’écho mondial, qui attirent des millions de visiteurs tous les cinq ans environ dans une ville du globe, sont nés en 1851 avec l’« Exposition universelle » organisée à Londres pour célébrer la révolution industrielle en plein essor.

Inspiré par les expositions nationales de Paris, l’Empire britannique construit alors l’immense Crystal Palace, structure révolutionnaire aux immenses surfaces de verre, pour accueillir 14.000 exposants venus de 40 pays.

Les éditions suivantes prennent de l’ampleur : à Paris, l’Exposition de 1889 met en vedette la tour Eiffel (attraction censée être temporaire), et celle de 1900 laissera pour héritage le Grand et le Petit Palais. A l’époque, outre les développements technologiques, les puissances impériales présentent leurs colonies avec des représentations ouvertement racistes.

Dans la mémoire collective, les Expos sont surtout liées à des héritages architecturaux (comme l’Atomium pour Bruxelles-1958), l’attractivité qui a transformé durablement certaines villes organisatrices, et les technologies futuristes présentées.

Des innovations majeures y ont été dévoilées au grand public : le ketchup, le téléphone, les rayons X… Le tableau pacifiste Guernica de Picasso y fut exposé pour la première fois en 1937.

Tout autour de la planète

Depuis 1928, le Bureau international des expositions, basé à Paris, organise l’événement. Plus de 180 pays en sont membres et la ville hôte est choisie par un vote de l’assemblée générale.

L’édition 2025 est la deuxième Exposition organisée à Osaka : celle de 1970, où était visible une roche lunaire, avait attiré 64 millions de visiteurs, un record jusqu’à Shanghai-2010.

Jusqu’à Seattle en 1962, les Etats-Unis ont accueilli sept Expositions, qui ont laissé des monuments emblématiques comme la tour Space Needle de Seattle. La dernière Exposition universelle en France remonte à Paris-1937.

Un échange culturel entre les nations

Les Expos universelles, où les pays continuent de vanter leurs atouts et de présenter des technologies d’avenir, peuvent apparaître obsolètes à l’âge d’Internet, des médias de masse et de la démocratisation des voyages.

Reflétant le désintérêt majeur des Japonais comme du public international, peu ciblé, la billetterie d’Osaka-2025 connaît des débuts très décevants. Enfin, les conflits mondiaux, les tensions géopolitiques et commerciales ébranlent les valeurs idéalistes au cœur des Expositions.

Notre dossier sur les Expositions universelles

Les organisateurs d’Osaka-2025, pour autant, insistent sur l’importance des échanges en personne entre nations et des « rencontres inattendues » rendues possibles par de tels rassemblements. « Les humains sont des créatures qui ont progressé en se rassemblant, interagissant et partageant », plaident-ils. Et de pointer les attractions d’intérêt universel à Osaka : météorite venue de Mars, « cœur » battant cultivé à partir de cellules souches…