« J’ai l’impression qu’on m’a menti sur la valeur de mon Bac + 5 »… La désillusion des jeunes diplômés au chômage
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A 23 ans Camille cumule un diplôme de coach sportive, un master en école de commerce, trois ans d’alternance et un Erasmus. Sur le papier, elle est le profil parfait pour trouver un emploi qui lui plaît. Pourtant sur son compte TikTok, la jeune femme répertorie son quotidien… de chômeuse.
Selon les chiffres de l’Insee publié ce mardi 11 février, « au quatrième trimestre 2024, […] le taux de chômage est quasi stable (-0,1 point) à 7,3 % de la population active et retrouve son niveau du deuxième trimestre 2024 ». Parallèlement, « la part des jeunes de 15 à 29 ans qui ne sont ni en emploi, ni en formation, ni en études (NEET) augmente de 0,7 point, à 12,8 % ». Une part de la population qui a historiquement toujours été plus marquée par le taux de chômage. Sur les réseaux sociaux ils sont nombreux, comme Camille, à tomber des nues après l’obtention de leur tant attendu diplôme.
Guerre générationnelle
« J’ai été diplômé d’un master en marketing et j’ai mis deux ans a trouvé un travail », énonce face caméra une jeune femme sur TikTok. En scrollant un peu, un profil similaire écrit à son tour : « Moi après un Bac + 5, découvrant que »jeune diplômée » est juste un synonyme de »chômeur qualifié » ». « J’ai l’impression qu’on m’a menti sur la valeur de mon Bac + 5 », nous raconte plus en détails Camille, « en terminant mes études, je m’attendais à trouver du travail plus facilement, ça me paraissait logique ». Sur le réseau social, une réelle communauté de jeunes diplômés sans emplois s’est créée et déplore la sacralisation du « Bac + 5 » face à la réalité du marché du travail. Sa résonance, elle, est plutôt en demi-teinte.
Pour beaucoup, la situation dans laquelle se retrouve Camille était plutôt prévisible, « la plupart disent que c’était déjà la galère à leur époque, qu’ils ne faisaient pas les difficiles et que le taux de chômage était encore plus élevé ». Sous ses vidéos TikTok, la jeune diplômée reçoit des commentaires moralisateurs de la part de ses aînés. « Mais pendant vos études, on ne vous a jamais parlé du chômage en France ? Quand j’ai commencé à travailler il y a 25 ans, le taux du chômage était presque le double », s’énerve une utilisatrice. Selon l’Insee, le taux de chômage chez les 15-24 ans était de 16,1 % en 2000.
« J’ai commencé à baisser mes standards »
D’autres, encore moins amènes, peuvent lui reprocher, à elle ou à d’autres, une forme de naïveté sur la valeur de son fameux bac + 5 dans un domaine où les postes sont rares et les candidats très nombreux. Mais pour Camille qui a toujours été poussé à faire des études longues et à multiplier les expériences professionnelles, le statut de chômeuse est difficile à encaisser.
Au début de sa période de chômage il y a presque neuf mois, la jeune femme a accru les recherches dans son secteur d’activité, avant de se rendre à l’évidence. « En septembre j’ai commencé à baisser mes standards », raconte celle qui a fini par postuler en tant que femme de ménage ou hôtesse de caisse, « des postes que j’occupais avant d’avoir mon bac ». Mais « Quand on a fait cinq ans d’études on s’attend forcément à des postes plus valorisés et mieux rémunérés, avec plus des possibilités d’évolution », stipule la vingtenaire, qui admet ne pas avoir plus de réponses positives dans ces secteurs, pour lesquels elle est clairement surqualifiée.
Face à la dure réalité du marché, ces jeunes diplômés sont parfois amenés à envisager une réorientation ou à élargir leurs critères de recherche. Pour Camille, la solution se trouvera selon elle, à l’étranger.