Jacques Doillon accusé de viols : Le réalisateur placé sous le statut de témoin assisté
Le cinéaste Jacques Doillon, visé par des accusations de viols, a été longuement interrogé vendredi par des juges d’instruction pour finalement être placé sous le statut de témoin assisté. L’enquête sur cette figure du cinéma d’auteur a été ouverte après une plainte pour viols de la comédienne Judith Godrèche.
Deux femmes avaient en outre déposé plainte pour des faits, frappés de prescription : Hélène M. avait accusé le cinéaste de viol à Paris en 1995, alors qu’elle avait 16 ans, tandis qu’Aurélie Le Roc’h l’avait accusé de tentative de viol à l’été 1998 au domicile de M. Doillon, en région parisienne. Jacques Doillon avait été placé en garde à vue à la Brigade de protection des mineurs début juillet, en même temps qu’un autre cinéaste mis en cause par Judith Godrèche, Benoît Jacquot.
« Il n’existe aucun indice grave »
Si ce dernier a été mis en examen pour viols sur les actrices Julia Roy en 2013 et Isild le Besco entre 1998 et 2000, Jacques Doillon avait vu sa garde à vue levée « pour raisons médicales ». Le cinéaste a donc été convoqué vendredi pour être interrogé aux fins d’une mise en examen, mais il a finalement été placé sous le statut plus favorable de témoin assisté, a indiqué le parquet de Paris, sollicité par l’AFP.
« Dans certains dossiers, des questions autour de la notion de consentement peuvent et doivent se poser. Mais ce n’est pas le cas ici », a déclaré son avocate Me Marie Dosé, à l’issue de l’interrogatoire. « Il n’existe aucun indice grave ou concordant contre Jacques Doillon dans cette affaire, et les éléments à décharge sont sans équivoque. Nous avons apporté une correspondance, des courriels, qui mettent en lumière les mensonges de la partie civile », a-t-elle ajouté.
Les accusations portées par Joe Rohanne
Au cœur de l’interrogatoire de vendredi : les accusations portées par Joe Rohanne, personne trans non binaire, qui a déposé plainte pour trois viols, coups et blessures et violences psychologiques. Elle a raconté ces faits, de 2009 à 2012, en France et en Belgique, au journal Le Monde. « La précipitation de certains journalistes à exposer et à détailler des plaintes dans les médias sans rien vérifier, et ce depuis des mois, pose une vraie difficulté dans une démocratie », s’est indignée Me Marie Dosé. « On devrait tous se questionner sur cet emballement. Ici, ce n’est pas la justice qui n’écouterait pas les victimes, mais la fabrique médiatique d’un coupable qui a dû attendre dix mois avant d’être enfin entendu », a-t-elle insisté.
Les faits décrits par la comédienne Judith Godrèche ne figuraient pas non plus dans le périmètre des accusations passibles de poursuites potentielles, pour cause de prescription. Quant à Jacques Doillon, il a porté plainte en diffamation contre Mme Godrèche, spécifiquement pour un post Instagram du 21 février dans lequel elle l’accusait de « coucher » avec des « enfants ».