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Italie : Des industriels escroqués par la fausse voix d’un ministre

L’audace des escrocs n’a plus de limites. En Italie, deux suspects étrangers ont été identifiés jeudi par le parquet de Milan, soupçonnés d’escroquerie aggravée et de substitution de personne. Ces derniers sont accusés d’avoir cloné la voix du ministre italien de la Défense, Guido Crosetto, pour soutirer près d’un million d’euros à l’industriel Massimo Moratti, ancien patron de l’Inter Milan.

Le stratagème était bien rodé. Grâce à un clonage de numéro, les appels semblaient provenir du téléphone du ministre. Les malfaiteurs, se présentant parfois comme de hauts fonctionnaires de la Défense, justifiaient leur demande d’argent par une mission secrète visant à libérer des journalistes détenus au Moyen-Orient. L’affaire s’inspire directement de la récente détention de la journaliste italienne Cecilia Sala en Iran, rendant le récit crédible aux yeux de leurs cibles.

Des industriels italiens influents contactées

Des figures influentes du monde industriel italien ont été contactées, parmi lesquelles Diego Della Valle (Tod’s), Giorgio Armani ou encore Patrizio Bertelli (Prada). Mais seul Massimo Moratti est tombé dans le piège, effectuant un virement sur un compte bancaire néerlandais. Grâce à l’intervention des enquêteurs milanais et d’Europol, la somme a pu être gelée avant d’être dilapidée.

Le ministre Crosetto s’est réjoui sur X du dénouement de l’affaire : « Très content que les sommes d’argent soutirées par la tromperie à un entrepreneur, en utilisant ma voix et mon nom, aient été retrouvées et gelées dans leur totalité », saluant l’« excellent travail des magistrats et des forces de police ».

Une enquête pour identifier les commanditaires

Les investigations se poursuivent pour identifier les commanditaires derrière cette escroquerie sophistiquée, qui s’appuyait sur des systèmes informatiques avancés et un réseau international, incluant un compte bancaire à Hong Kong. L’affaire avait été révélée le 6 février par Guido Crosetto lui-même, après qu’un ami entrepreneur l’eut alerté sur un appel étrange reçu en son nom.

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Non sans humour, le ministre de l’Economie Giancarlo Giorgetti a réagi sur X avec un message taquin adressé à Guido Crosetto : « Tu aurais pu au moins demander d’acheter des obligations d’Etat ! Maintenant, si moi j’appelle, plus personne ne me croira… »