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Israël : Quelle demande de grâce pour corruption de Benyamin Netanyahou ?

Benyamin Netanyahou a officiellement demandé une grâce présidentielle dans son procès pour corruption, souhaitant mettre fin aux divisions suscitées dans le pays par ses démêlés judiciaires. Le président israélien Isaac Herzog a annoncé que Benyamin Netanyahou avait adressé au président « une demande de grâce exceptionnelle » et qu’il « examinera la requête avec responsabilité et sérieux ».


Le Premier ministre israélien espère un geste. Benyamin Netanyahou a officiellement demandé une grâce présidentielle dans le cadre de son procès pour corruption. Selon lui, cette décision vise à mettre fin aux divisions provoquées par ses démêlés judiciaires. Le président américain, Donald Trump, avait également écrit au président israélien plus tôt ce mois-ci pour lui demander d’accorder cette grâce. Netanyahou, qui nie toute faute, est régulièrement entendu dans le cadre d’au moins trois procédures judiciaires pour lesquelles aucun jugement n’a encore été rendu. De quelles plaintes parle-t-on ? Pourquoi cela divise-t-il le pays ? Faisons le point.

Que reproche-t-on à Benyamin Netanyahou ? Benyamin Netanyahou est le premier chef de gouvernement en fonction dans l’histoire d’Israël à être mis en examen pour corruption. Le Premier ministre est accusé, avec son épouse Sara, d’avoir accepté des produits de luxe d’une valeur de plus de 260 000 dollars (environ 225 000 euros), tels que des cigares, des bijoux et du champagne, de la part de milliardaires, en échange de faveurs politiques. Dans deux autres affaires, il est accusé d’avoir tenté de négocier une couverture médiatique plus favorable dans deux médias israéliens.

Pourquoi demande-t-il une grâce ? Les services du président israélien Isaac Herzog ont annoncé dimanche que Benyamin Netanyahou avait adressé au président « une demande de grâce exceptionnelle ». « Après réception de tous les avis », Isaac Herzog « examinera la requête avec responsabilité et sérieux ». Bien qu’il ait affirmé vouloir mener son procès – qui a débuté il y a près de six ans – à son terme pour prouver son innocence, le Premier ministre a justifié cette demande au nom de « l’intérêt public » dans une vidéo soulignant les « immenses défis » que le pays doit relever. « La poursuite du procès nous déchire de l’intérieur, suscitant de vives divisions et intensifiant les fractures », a plaidé Netanyahou, sur fond de tensions politiques entre partisans et détracteurs. « Je suis certain […] que la fin immédiate du procès contribuera grandement à apaiser les tensions et à promouvoir la réconciliation générale » du pays.

Quel est le rapport de force ? À 76 ans, Benyamin Netanyahou est le Premier ministre israélien ayant passé le plus de temps en fonction, avec plus de dix-huit ans à la tête d’Israël depuis 1996. Il a annoncé qu’il se présenterait aux prochaines élections fin 2026. Le Premier ministre reçoit le soutien de son ministre de la Défense, Israël Katz, qui a affirmé être en faveur de la demande de grâce pour « mettre fin à la déchirure profonde qui accompagne la société israélienne depuis une décennie ». Cependant, le chef de l’opposition, Yaïr Lapid, a demandé au président Herzog de ne « pas accorder une grâce à Netanyahou sans qu’il ne reconnaisse sa culpabilité, exprime des remords et se retire immédiatement de la vie politique ».

Une grâce est-elle possible ? En septembre, Herzog avait laissé entendre qu’il pourrait lui accorder une grâce, estimant que le procès du Premier ministre « pes(ait) lourdement sur la société israélienne ». Des dizaines de personnes ont manifesté dimanche soir devant la résidence du président, à Tel-Aviv, pour l’appeler à rejeter la demande de grâce. « Nous sommes ici pour expliquer à [Isaac] Herzog que nous n’allons pas accepter cela […] Il doit tenir bon pour nous, pour nos enfants et pour le cours de l’Histoire », a plaidé Shikma Bressler, une des figures de l’opposition au gouvernement.

Selon Eli Salzberger, juriste et professeur de droit, une grâce est généralement accordée à une personne déjà condamnée, mais en 1986, le président Chaim Herzog, père de l’actuel président, avait gracié deux agents du Shin Beth avant qu’ils ne soient jugés. Salzberger a précisé que Netanyahou n’avait pas reconnu sa culpabilité ni demandé pardon, ce qui est habituellement une condition pour obtenir une grâce présidentielle. Bien que s’étant opposé à cela dans le passé, Netanyahou « pourrait demander à la justice un accord de plaider-coupable en expliquant que les conditions ont changé » en cas de refus de Herzog de le gracier, affirme Salzberger, un opposant farouche à la réforme judiciaire du gouvernement.