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Israël : Benjamin Nétanyahou met en « pause » son projet contesté de réforme de la justice

La forte contestation dans la rue et l’apparition de tensions au sein de sa majorité auront finalement été trop fortes pour Benjamin Nétanyahou. Le Premier ministre a annoncé lundi une « pause » dans le projet de réforme de la justice qui divise Israël.

Affirmant vouloir donner « une vraie chance à un vrai dialogue », Benjamin Nétanyahou souhaite ainsi « parvenir à un large accord » sur la réforme à la prochaine session parlementaire devant s’ouvrir après la Pâque juive (du 5 au 13 avril). Allié de poids d’Israël, Washington, qui avait fait part à plusieurs reprises de ses inquiétudes, a salué une décision qui « donne plus de temps pour trouver un compromis ».

Le syndicat Histadrout met fin à la grève générale

Deux des principaux chefs de l’opposition ont dit être prêts à dialoguer avec le gouvernement, mais dans le cadre de la médiation proposée depuis plusieurs semaines par le président Isaac Herzog, tout en mettant en garde l’exécutif contre toute tentative de duperie. « Nous [devons] d’abord nous assurer qu’il n’y a pas de ruse ou de bluff », a ainsi réagi le chef de l’opposition, Yaïr Lapid (centre). « Mieux vaut tard que jamais », a pour sa part déclaré Benny Gantz (centre-droit).

Rapidement après le discours du Premier ministre, la grande centrale syndicale Histadrout a annoncé la fin de la grève générale qu’elle avait décrétée le matin avec l’objectif affiché de stopper la réforme. Dans la société civile, les organisateurs de la contestation, qui s’impose depuis des semaines comme l’un des plus grands mouvements de mobilisation populaire qu’ait connus Israël, se sont par contre montrés beaucoup plus circonspects, appelant à continuer les manifestations tant que le projet n’est pas « totalement stoppé ».

Depuis l’annonce de ce projet début janvier, des dizaines de milliers d’Israéliens manifestent toutes les semaines pour le dénoncer et conspuer le gouvernement formé en décembre. Le rythme des manifestations s’est intensifié depuis la mi-mars et la tension était encore montée dimanche après l’annonce du limogeage du ministre de la Défense, Yoav Gallant, qui s’était prononcé publiquement la veille pour une « pause » dans la réforme. Des milliers d’Israéliens étaient alors descendus dans la rue à Tel-Aviv, ce qui avait donné lieu dans la nuit à des heurts avec les forces de l’ordre.

Les opposants craignent une dérive autoritaire

Lundi encore, des dizaines de milliers d’Israéliens ont manifesté à Tel-Aviv et autour du Parlement à Jérusalem pour protester contre la réforme. Dans la soirée, une contre-manifestation, la première du genre, a rassemblé plusieurs milliers de personnes près de la Cour suprême, à Jérusalem.

Pour le gouvernement de Benjamin Nétanyahou, la réforme vise à rééquilibrer les pouvoirs en diminuant les prérogatives de la Cour suprême, que l’exécutif juge politisée, au profit du Parlement. Les contestataires estiment au contraire qu’elle risque d’entraîner une dérive illibérale ou autoritaire.