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Irlande-France : « Magic Mike » Maignan va-t-il succéder aussi facilement à Lloris qu’à Donnarumma avec l’AC Milan ?

« Les gars, sur les coups de pied arrêtés et les coups francs excentrés, on se positionne vite en zone. Et moi, je vous dis plus bas ou plus haut. » La courte vidéo de vestiaire publiée dimanche par l’équipe de France de football sur les réseaux sociaux a démontré toute l’autorité naturelle que dégageait Mike Maignan, avant sa grande première dans la peau de véritable titulaire des Bleus contre les Pays-Bas (4-0). L’enjeu de la succession d’un monument comme Hugo Lloris (145 sélections) n’inhibe pas le Milanais, qui va remettre ça ce lundi (20h45) en Irlande, bien au contraire. Son penalty arrêté face à Memphis Depay (90e+3), l’une de ses grandes spécialités (35 % d’arrêts dans l’exercice en carrière), a été l’un des temps forts de la démonstration tricolore, vendredi au Stade de France.

« J’ai senti toute la confiance de l’équipe, du groupe, du stade, toute cette force, a glissé l’intéressé à Téléfoot. Avant, je ne m’étais pas préparé avec plus de pression que ça. » On veut bien le croire, tant l’ancien Lillois a dégagé une sérénité sans faille, certes face à une attaque néerlandaise atone. Le solide gaillard d’1,91 m a ainsi prouvé, s’il y en avait vraiment besoin, que ce costume de titulaire en équipe de France lui va comme un gant, à 27 ans. Une nouvelle étape on ne peut plus logique pour un gardien qui avait su faire oublier l’ancienne icône de l’AC Milan Gianluigi Donnarumma en seulement quelques mois, la saison passée.

« Il n’aimait pas bloquer le ballon »

Pour sa première expérience à l’étranger, le Guyanais avait ainsi été un acteur majeur du premier Calcio remporté par le club lombard depuis onze ans, avec 17 clean sheets à la clé en 32 matchs de Serie A. Soit un palmarès en club immédiatement supérieur à celui qu’affichait le gardien de la Nazionale en six saisons à Milan (la Supercoupe d’Italie 2016 et basta pour le héros de l’Euro 2021). Ancien gardien légendaire de l’AC Milan (de 2000 à 2010), Dida était l’entraîneur de Mike Maignan, la saison passée à Milanello. Dans un entretien pour la chaîne officielle de la Serie A, il expliquait en janvier toute la détermination qui accompagnait l’ancien gardien lillois, à son arrivée en Italie.

Dès notre première rencontre, il m’a dit qu’il avait signé à Milan pour deux raisons : il voulait travailler avec moi et il voulait gagner avec l’AC Milan, qu’il estime être le plus grand club du monde. Venir à Milan, c’est assumer une grande responsabilité. Il a une personnalité incroyable. »

L’ex-portier de la Seleçao a également glissé quelques pistes quant à la progression opérée dans le Calcio par Mike Maignan : « C’était déjà un gardien explosif à Lille mais il n’aimait pas bloquer le ballon. Nous avons donc travaillé dur pour corriger cela et améliorer ses timings sur les centres. Il a tellement progressé sur le plan technique. Nous avons été surpris de voir ses évolutions rapides, jour après jour ».

A nouveau déterminant lors du 8e de finale retour de Ligue des champions contre Tottenham, Mike Maignan fait l'unanimité à Milan depuis son arrivée en 2021.
A nouveau déterminant lors du 8e de finale retour de Ligue des champions contre Tottenham, Mike Maignan fait l’unanimité à Milan depuis son arrivée en 2021. – Matt Impey/SIPA

Considéré à 20 ans comme quatrième gardien au PSG

Bien avant d’emboîter le pas à des références comme Donnarumma et désormais Lloris, Mike Maignan a rongé son frein sans faire de vagues au Paris Saint-Germain. Malgré les louanges de ses formateurs, de 2009 à 2015, il se voit confier à 20 ans une place… de quatrième gardien dans la hiérarchie du groupe professionnel, derrière Trapp, Sirigu et Douchez. De quoi précipiter le départ d’un titi parisien qui n’a jamais eu sa chance dans son club formateur, et que les supporteurs du PSG regrettent aujourd’hui au moins autant que Kingsley Coman.

Pour autant, le décollage n’a pas été immédiat pour Mike Maignan à Lille. Doublure du solide Nigérian Vincent Enyeama de 2015 à 2017, il passe au travers de sa première année dans la peau d’un titulaire, en 2017-2018. Au cours d’une saison collectivement désastreuse entamée avec Marcelo Bielsa, celui qui n’avait encore rien du « Magic Mike » actuel (son surnom en Italie) est aussi en souffrance, avec 53 buts encaissés en 34 matchs de Ligue 1. 18e défense, ce Losc à la dérive (17e) sauve sa place dans l’élite in extremis. La suite est tout autre pour le roc de Cayenne, qui encaisse 20 buts de moins en 2018-2019 (33 en 38 journées).

« C’est un champion dans la mentalité, comme Zlatan »

Et ce avant la consécration en 2020-2021, avec ce sacre totalement inattendu en Ligue 1, et quasiment autant de clean sheets (21 en 38 matchs) que de buts encaissés (23), dans une saison au plus que parfait. A en croire Vincent Enyeama, son prédécesseur dans le but lillois, ce retard à l’allumage n’était qu’un petit accident de parcours. « On a tout de suite vu que Mike avait ce petit truc en plus qui pouvait lui permettre d’aller loin, assurait le Nigérian à La Voix du Nord, en janvier 2021. C’était un talent pur mais aussi un gros travailleur. Il n’y a pas de secret, c’est ce qui fait la différence. »

Blessé en deux temps au mollet à l’automne dernier, et donc forfait pour la Coupe du monde au Qatar, c’est comme toujours dans le travail que Mike Maignan s’est réfugié pour revenir à son meilleur niveau. « C’est un champion dans la mentalité Mike, confirme son entraîneur à Milan Stefano Pioli. Il ressemble à Zlatan, dans le sens où il veut être le meilleur tous les jours. » Son secret pour totalement goûter à la vie en Bleu, symbolisée par cette accolade avec Hugo Lloris à la fin du match contre les Pays-Bas. « Il respire tellement la confiance et la sérénité, apprécie Didier Deschamps. C’est en plus un leader donc je n’avais pas le moindre doute sur ce qu’il est capable de faire. » A priori, « doutes » et « Magic Mike » ne font en effet pas bon ménage.