Interdit de louer les logements G ? « Les grands perdants vont être les locataires », préviennent les propriétaires
A l’instar des véhicules Crit’Air 3 rt plus qui vont se retrouver progressivement bannis des centres-villes, les logements classés G au diagnostic de performance énergétique (DPE) ne peuvent plus, théoriquement, être mis en location depuis le 1er janvier. Adoptée en 2021, la loi Climat et résilience considère effectivement ces logements à la performance énergétique médiocre comme indécents.
Une mesure qui crispe les propriétaires, inquiets de se voir imposer des travaux de rénovation malgré un grand flou autour de son application. Le ministère du Logement précise que « l’interdiction de la location des logements classés G » s’applique « aux nouveaux contrats de location, et au moment du renouvellement ou de la reconduction tacite » des baux en cours.
« La seule solution, c’est de vendre »
La mesure concerne près de 565.000 logements classés G au 1er janvier 2024, selon les données de l’Etat. Mais concrètement, que risque réellement un propriétaire sachant qu’il ne peut être sanctionné qu’à la condition que son locataire porte plainte ? Plusieurs professionnels de l’immobilier confient que peu de locataires s’aventureront dans des recours… Et la plupart des proprios jouent la carte de l’attentisme avant une possible évolution du calendrier, dont les modalités pourraient être rediscutées. Calendrier jugé tout simplement intenable.
20 Minutes a demandé à plusieurs d’entre eux ce qu’ils pensaient de cette réforme et ce qu’ils allaient concrètement faire dans les prochaines semaines ou les prochains mois. « La seule solution, c’est de vendre le bien, estime Thomson. Comme cela, plus de locataire qui risque de ne plus payer et plus d’investissement à fonds perdu. Car une fois mis aux normes, l’investissement, déjà conséquent, est dépassé, car les normes changent sans cesse et deviennent plus restrictives. » Pareil pour Roi4. « Il ne faut plus louer. Comme cela, il y aura pénurie de logement. »
« La pierre reste une valeur refuge »
D’autres propriétaires estiment toutefois que ce serait une erreur de « bazarder » son patrimoine. « La pierre, même classée G, reste une valeur refuge, qui est là pour durer », pense listentomoa. « Votre vieux logement classé G permettra toujours à des « petites gens », des étudiants, des smicards, de trouver des locations a prix abordables, dans un marché immobilier qui devient fou, poursuit-il. Et il nous permettra à nous, petits propriétaires, de toucher un petit complément de revenu ou de retraite fort appréciable. » Ce qui fait dire à ExtraLuc qu’avec ces logements G, « le privé pouvait « offrir » jusqu’ici des logements aux plus modestes… On le lui interdit maintenant, car tout ce qui n’est pas parfait est devenu « indécent ». Alors que les pouvoirs publics les logent dans ce cas. » « Les grands perdants vont être les locataires » pense d’ailleurs Thomson.
Certains, toutefois, acceptent cette mesure. « Un bien immobilier, il faut l’entretenir pour ne pas perdre sa valeur à la revente, analyse EDiSam. Je ne comprends même pas comment on peut atteindre cette note de G. Cela veut dire que ces propriétaires n’ont jamais mis un billet pour le rénover depuis des décennies tout en encaissant évidemment les loyers. » Et si ces derniers revendent leurs biens, pas de problème, « il y aura des preneurs qui auront les moyens pour les rénover, donc faire travailler les artisans » poursuit-il. Une analyse que ne partage pas Hellcat, qui considère « qu’en l’espèce, la « dégradation » n’est souvent pas due à un mauvais entretien mais à des normes qui évoluent. »
Ce sont d’abord les logements classés G + au diagnostic de performance énergétique (DPE) qui avaient été jugés indécents dès 2023, et qui ne sont donc plus, théoriquement, autorisés à la location. Après les G, ce sera au tour des logements F en 2028, puis des E en 2034.