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Insecticides : L’acétamipride ne sera plus vendu aux particuliers

L’acétamipride, insecticide dont les agriculteurs ont échoué à obtenir la réautorisation en France, ne sera plus commercialisé comme biocide contre les nuisibles domestiques en Europe, à partir de 2027. Aucun industriel, dont le principal fabricant Nisso, n’avait déposé de renouvellement de demande d’autorisation de commercialiser les biocides ménagers contenant cette substance, dont la date butoir était fixée au 30 juillet.


La fin d’une époque. L’acétamipride, insecticide pour lequel les agriculteurs n’ont pas réussi à obtenir la réautorisation en France, ne sera plus commercialisé comme biocide contre les fourmis, les cafards ou d’autres nuisibles domestiques en Europe à partir de 2027, a annoncé mardi l’Agence européenne des produits chimiques (Echa).

L’ONG Génération Futures a indiqué mardi qu’aucun industriel, y compris le principal fabricant Nisso, n’avait soumis de demande de renouvellement pour l’autorisation de commercialiser des biocides ménagers contenant cette substance. La date limite pour le dépôt des demandes était fixée au 30 juillet.

« Aucune demande de renouvellement d’autorisation de mise sur le marché n’a été présentée pour l’acétamipride », substance active dans de nombreux insecticides domestiques, a confirmé l’Echa à l’AFP.

Les biocides ménagers contenant cet agent neurotoxique puissant de la famille des néonicotinoïdes sont autorisés jusqu’au 31 janvier 2027 dans l’Union européenne, marquant la fin de la précédente autorisation.

Utilisation interdite à compter du « 31 janvier 2028 »

Un délai de grâce habituel permettra la poursuite des ventes « jusqu’au 30 juillet 2027 », après quoi son utilisation sera interdite « du 31 janvier 2028 », a précisé l’Echa.

Génération Futures, qui s’est opposée à la réintroduction de l’usage agricole de l’acétamipride en France, « appelle désormais à son interdiction totale au niveau européen, y compris en agriculture », a déclaré l’organisation dans un communiqué.

Pour la France uniquement, l’ONG indique qu’« 198 produits à destination des particuliers » contenant cette substance sont actuellement disponibles.

Réintroduction de cet insecticide retoquée par le Conseil constitutionnel

L’acétamipride, encore peu connu du grand public, a été mis en avant cet été en France lors des débats publics tumultueux sur la loi Duplomb, qui visait à « lever les contraintes » du métier d’agriculteur.

Mesure phare du texte initial, la réintroduction sous conditions de ce produit, interdit pour son usage agricole en France depuis 2018 – mais autorisé en Europe jusqu’en 2033 – a été retoquée par le Conseil constitutionnel en août.

L’acétamipride est toujours demandé par les filières de la betterave et de la noisette, alors que, au contraire, les apiculteurs dénoncent « un tueur d’abeilles ».

À l’appel de la FNSEA/JA, principale force syndicale agricole en France, des agriculteurs ont manifesté cet été, critiquant la présence dans les rayons des supermarchés d’insecticides contenant de l’acétamipride et appelant à « la cohérence ».

Génération Futures estime pour sa part que « les industriels savaient que l’acétamipride n’avait aucune chance d’être réautorisé en Europe comme biocide au regard du risque inacceptable qu’il pose, ce pour quoi ils n’ont pas défendu le renouvellement de cette substance en Europe », a déclaré Pauline Cervan, toxicologue de l’ONG, dans le communiqué.