France

Inondations dans l’Ouest : « Tout est pratiquement à jeter »… A Rennes, l’heure du nettoyage pour les sinistrés

«On avait tellement de bazar que ça permet de faire du tri qu’on fait rarement. » En plein nettoyage de printemps avant l’heure, Soazig n’a pas perdu le sens de l’humour. Habitant une résidence au bord du canal Saint-Martin à Rennes, elle s’active depuis dimanche après-midi à sauver ce qui peut encore l’être dans son garage qui porte encore les stigmates des inondations historiques qui ont frappé la capitale bretonne et une bonne partie de l’Ille-et-Vilaine ces derniers jours. « Mais tout est pratiquement à jeter », constate-t-elle, les vêtements souillés de boue.

Des bennes ont été installées par la ville de Rennes dans les secteurs sinistrés par les inondations.
Des bennes ont été installées par la ville de Rennes dans les secteurs sinistrés par les inondations.  - J. Gicquel / 20 Minutes

Au plus fort de la crue, l’eau est montée jusqu’à 1,80 mètre de haut dans le parking souterrain de l’immeuble situé square de Séverine, dévastant les garages et les caves des résidents. « Quand on a vu que cela empirait samedi il y a dix jours, on a eu juste eu le temps d’enlever la voiture, raconte Soazig. Mais on n’aurait jamais pensé que ça puisse monter aussi vite et que tout serait inondé. »

« Je pense que ma voiture va finir à la casse »

Samedi, les pompiers sont intervenus dans le quartier pour pomper l’eau dans les bâtiments avant que les bénévoles de la Protection civile ne prennent le relais. « Les pompiers ont fait le gros du boulot et on prend la suite pour évacuer le reste de l’eau et aider les habitants à déblayer et à nettoyer », confie Morgan, arrivé dimanche soir d’Indre-et-Loire. Dans les secteurs sinistrés, où des équipes de volontaires sont venues prêter main-forte ce week-end, de grosses bennes ont été mises à disposition par la ville et installées au pied des immeubles.

« J’ai déjà vidé une dizaine de caddies, pleins de vieux trucs, des jouets, des vêtements, des meubles de ma fille que l’on stockait là après son déménagement, énumère Soazig. C’est comme ça mais ce qui fait le plus mal au cœur, ce sont les souvenirs qu’on conservait là comme des photos ou le vieil électrophone de mon père ».

Depuis ce week-end, ce dépanneur rennais a récupéré une centaine de voitures qui étaient inondées.
Depuis ce week-end, ce dépanneur rennais a récupéré une centaine de voitures qui étaient inondées. - J. Gicquel / 20 Minutes

Habitant le même immeuble, Claire a quant à elle dit adieu à sa voiture qu’un dépanneur est venu récupérer lundi, « la centième au moins depuis ce week-end », selon le professionnel, pour le moins débordé. « Il doit maintenant y avoir une expertise mais franchement je n’y crois pas trop et je pense qu’elle va finir à la casse, témoigne la jeune femme, qui garde quand même le moral. Ce n’est que du matériel après tout, il y a plus grave dans la vie ».

Des dégâts limités dans la capitale bretonne

Malgré les crues d’une ampleur inédite, Rennes a en effet échappé au pire avec aucune victime à déplorer et des dégâts moindres qu’ailleurs. « Quand on voit la rapidité du phénomène, on peut considérer que les dégradations restent circonscrites et sur de petits périmètres, estime la maire Nathalie Appéré. En disant ça, je ne minimise pas les situations extrêmement difficiles que certains habitants vivent aujourd’hui. Mais les dommages restent localisés. »

De l’autre côté du canal Saint-Martin, le pire a aussi été évité au restaurant Essentiel. Dès que l’eau a commencé à déborder le 25 janvier, les équipes ont tout de suite monté tout le mobilier à l’étage et surélever les équipements dans la cuisine. Mais privés de courant pendant plusieurs jours, les gérants ont été contraints de balancer toute la marchandise stockée dans les chambres froides. « Une entreprise est venue pour évacuer l’eau et là on continue de nettoyer tout en attaquant la mise en place », indique Sébastien, le chef cuisinier, qui prévoit une réouverture « jeudi normalement ».

Ouvriers et artisans de retour sur les chantiers

Dans le tout récent quartier Plaisance à quelques pas de là, c’est également l’heure de la reprise pour les ouvriers et artisans. « Je n’étais pas revenu ici depuis dix jours, indique Thierry, terminant de poser un tuyau sur un chantier au bord de l’eau. On ne pouvait pas y accéder de toute façon avec les inondations. Heureusement que j’avais anticipé le bordel et enlevé tout le matos. »

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Chose que n’ont pas eu le temps de faire Soazig et Tom, son compagnon. « Cela aurait pris trop de temps de toute façon » indique ce dernier, plutôt zen lui aussi malgré les pertes à déplorer. « Il faut prendre ça avec philosophie, indique-t-il. Ce n’est qu’un garage. Cela aurait été bien plus grave si cela avait été notre logement, ce qui est arrivé à d’autres malheureusement. » Un beau message de solidarité entre sinistrés.