France

« Inhumain », « une honte »… Le vote de Rima Hassan sur la libération de Sansal fait réagir, on vous explique

Jeudi, les députés européens ont voté à une écrasante majorité (533 voix pour, 24 contre et 48 abstentions) une résolution pour demander la libération de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré depuis mi-novembre en Algérie. Et parmi ceux qui n’ont pas voté « pour », la délégation de La France insoumise, dont Rima Hassan et Manon Aubry. Ce qui n’a pas manqué de faire réagir, autant à gauche qu’à droite. 20 Minutes récapitule.

Que s’est-il passé ?

Une résolution pour demander la libération de l’écrivain Boualem Sansal ainsi que d’autres critiques du pouvoir algérien, a été adoptée jeudi au Parlement européen.

Boualem Sansal, âgé de 75 ans, est incarcéré depuis la mi-novembre en Algérie et poursuivi en vertu de l’article 87 bis du Code pénal, qui sanctionne « comme acte terroriste ou subversif, tout acte visant la sûreté de l’Etat, l’intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions ». Selon Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris des déclarations de l’écrivain au média français Frontières, réputé d’extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire du pays aurait été tronqué sous la colonisation française au profit de l’Algérie.

Le texte, soumis jeudi par des élus de cinq des huit groupes politiques du Parlement européen (conservateurs du PPE, socialistes, nationalistes d’ECR, libéraux de Renew et écologistes), a été adopté à une large majorité (533 voix pour, 24 contre). La délégation de La France insoumise (LFI) s’est partagée entre votes contre et abstentions. La députée Rima Hassan a ainsi voté contre, tandis que la cheffe de file du groupe, Manon Aubry, s’est abstenue.

Qui critique le vote « contre » de Rima Hassan ?

Dès jeudi, les réactions se sont succédé. D’abord à l’extrême droite, avec Jordan Bardella qui s’est exprimé sur X : « Les choses sont claires : à la défense d’un écrivain et de sa liberté d’expression, l’extrême-gauche préfère l’arbitraire d’un régime autoritaire et les intérêts communautaires de sa clientèle électorale. »

« En refusant de soutenir un citoyen français arbitrairement détenu dans les geôles du pouvoir algérien, les amis de (Jean-Luc Mélenchon) poursuivent dans cette ligne outrancière qui consiste à approuver systématiquement les attaques contre la France », a quant à lui écrit le président LR des Hauts-de-France, Xavier Bertrand.

Sur Europe1/CNews, c’est le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, qui a renchéri : « Vous vous rendez compte que cette résolution demandait la libération immédiate d’un homme malade, d’un homme âgé. Et madame Rima Hassan dit  »non, je refuse, je vote contre ». C’est inhumain, c’est politiquement scandaleux. Et je demande d’ailleurs à LFI de se justifier. »

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A gauche aussi, le vote des eurodéputés LFI a suscité un tollé. L’ancien Insoumis François Ruffin s’est dit en « désaccord complet » avec le choix de ses anciens camarades. « La place d’un écrivain n’est pas en prison, qu’on soit d’accord ou pas avec ce qu’il écrit. Evidemment qu’il faut tout faire pour la libération d’un écrivain », a-t-il réagi sur France Inter.

« C’est une honte ! Franchement, s’abstenir ou voter contre un tel texte factuel où il n’y a rien d’idéologique, rien d’historique qui soit contestable, c’est simplement cautionner l’emprisonnement d’un immense écrivain dans des geôles et c’est profondément scandaleux », a déclaré sur BFMTV/RMC Raphaël Glucksmann, qui siège avec les socialistes. « Notre vision du monde, nos principes ne sont pas les mêmes, Notre rapport au débat public n’est pas le même. Arrêtons l’hypocrisie », a-t-il plaidé. Pour ce dernier, ce vote est un argument supplémentaire pour justifier la rupture en France entre socialistes et Insoumis.

Que répond Rima Hassan ?

A travers plusieurs publications sur X, l’eurodéputée Rima Hassan a répondu aux attaques à son encontre. « Ne pas voter ce texte ce n’est pas s’opposer à la libération de M. Sansal […] c’est s’opposer à l’instrumentalisation qui est faite de son cas », s’est-elle défendue.

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« Nous restons bien entendu attentifs au sujet des droits humains en Algérie comme dans le reste du monde et j’invite les défenseurs de Sansal à déployer autant d’énergie à défendre les droits humains des Palestiniens », a-t-elle ajouté.