France

Incendies en Gironde : Avions, drones, « météo des forêts »… Quel plan contre le retour des mégafeux ?

Pas moins de quatre ministres ont fait le déplacement ce mardi soir en Gironde pour dévoiler le plan de prévention des feux de forêt après un été 2022 noir dans ce département où 30.000 hectares de bois étaient partis en fumée. Auprès du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, se trouvaient Christophe Béchu, ministre de la transition écologique, Marc Fesneau, ministre de l’agriculture et Dominique Faure, ministre déléguée chargée des collectivités territoriales et de la ruralité.

Depuis la base aérienne de Cazaux à la Teste-de-Buch, où 7.000 hectares de forêt ont brûlé pendant l’été 2022, le ministre de l’Intérieur a insisté sur « les moyens sans précédent » qui vont être progressivement déployés, à partir de cet été. Et c’est surtout sur les moyens aériens supplémentaires que les attentes étaient grandes.

Des moyens aériens très attendus

« Il y a de réelles annonces, avec un hélicoptère bombardier d’eau début juin, et début juillet quatre Air tractor et un Dash ici, en Gironde, positionnés sur le territoire, s’est félicité Jean-Luc Gleyze (PS), président du département de la Gironde. Et, une unité de Sécurité civile est annoncée sur la zone Sud-Ouest. La ville de Libourne est candidate (avec Mont-de-Marsan et Angoulême) et peut avoir une légitimité. »

Gérald Darmanin a fait part des difficultés à fabriquer les précieux canadairs (marque d’avion bombardiers d’eau) et il est envisagé un partenariat au niveau européen pour construire une usine. La base de Sécurité civile envisagée dans le Sud-Ouest devra comprendre une maintenance. « Et c’est une maintenance spécialisée pour ces canadairs qui volent le jour et doivent être réparés la nuit », a précisé le ministre de l’Intérieur. Le lancement de ce projet de base pourrait intervenir dès l’année prochaine. Suivra le recrutement des pilotes.

« Et, 48 heures avant le risque évoqué par Météo-France nous prépositionnerons deux canadairs en Gironde pour répondre à l’été qui arrive », a ajouté le ministre. « C’est important car ce n’est pas au dernier moment », a réagi Jean-Luc Gleyze. Le risque sera évalué par une nouvelle « météo des forêts » proposée par les équipes de Météo-France. « On connaîtra les risques massif forestier par massif forestier et il y aura un degré d’information plus détaillé pour les forces de secours afin d’aider la Sécurité civile à prépositionner les appareils et à programmer les colonnes de secours », a complété Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique.

De nouveaux moyens au sol et des outils de prévention

Dans le Sud-Ouest, l’Etat met sur la table une enveloppe de 36 millions d’euros pour 59 nouveaux engins de lutte contre le feu parce que « le feu s’éteint au sol », a précisé le ministre de l’Intérieur. Parmi ces nouveaux appareils, des camions-citernes de grande capacité, des véhicules pour les feux tactiques ou des drones. Actuellement sur la Gironde, 23 % des appareils sont indisponibles pour cause de maintenance ou réparation.

Pour prévenir les départs de feu, Christophe Béchu a aussi insisté sur l’obligation de débroussaillement, dont seulement 30 % sont effectivement réalisés par les propriétaires de bois. Un point d’autant plus important que 90 % des feux de forêt se déclarent dans des parcelles privées.

Les appareils qui ont vocation à faire du « gué aérien » seront déployés dès le début de la saison estivale ainsi que des drones pour repérer la naissance de feux de forêt. « On sait que les avions doivent arriver vite, avant que plus de dix hectares soient en feu », a commenté le ministre de l’Intérieur. Des caméras thermiques doivent aussi permettre de mieux localiser des départs de feux dans le massif très étendu des Landes de Gascogne.

En 2023, le protocole Héphaïstos, qui permet le recours à l’armée pour les feux de forêt dans la zone méditerranéenne, sera désormais opérationnel sur l’ensemble du territoire national, y compris dans le Sud-Ouest. Il sera pourvu de 150 militaires supplémentaires mobilisés notamment pour la création de pistes et de coupe-feu.

On sent qu’il y a une volonté de ne pas revivre « une saison en enfer », selon la formule du président de la République.